Comment dire à une fille qu’on l’aime ? Vous avez envie d’exprimer votre amour à une fille ?
Vous avez envie de lui dire ” je t’aime ” ? Vous brûlez d’envie de lui faire une déclaration d’amour ?
Vous vous demandez quel est le meilleur moyen de le faire ? Quelle est la meilleure façon ?
Devriez-vous lui écrire une lettre d’amour ? Faudrait-il passer par sa meilleure amie qui pourrait tenir le rôle de messagère ?
Est-ce une bonne idée ? Quand serait le bon moment pour lui avouer votre flamme pour elle ?
Faudrait-il lui donner rendez-vous pour un dîner au restaurant ? Est-ce une mauvaise idée ?
Et si cette fille vous avait déjà mise dans la friendzone alors que vous avez le coup de foudre pour elle ?
Faudrait-il lui faire des sous-entendus ? lui écrire des petits mots d’amour romantique ?
Comment trouver les bons mots ?
Bref, que faire quand on veut dire à une fille qu’on l’aime ? Quelque chose pose problème dans cette question.
Une fille est une personne avant tout
La première chose à rectifier dans la question : ” comment dire à une fille qu’on l’aime ? ” est que les filles sont des personnes à part entière.
Ne voyez pas les filles ou les femmes comme des êtres d’un certain genre, d’une certaine catégorie, différentes, étranges.
Les filles sont des personnes, avec une personnalité, une âme, un corps (qui leur appartient, oui, oui), des centres d’intérêt, des sensibilités, des peurs, des envies, des désirs, un caractère…
La question à se poser serait alors éventuellement : ” comment dire à une personne qu’on l’aime ? “.
Comment dire à une personne qu’on l’aime ?
De manière générale, il est, la plupart du temps, difficile d’avouer son amour pour une personne, surtout lorsque l’on est pas sûr.e de ses sentiments pour soi.
Avouer son amour pour quelqu’un.e alors que cette personne ne montre rien de son côté, peut faire hésiter.
Quand on aime vraiment une personne, il ne devrait pas y avoir d’obstacles pour lui exprimer de l’amour car l’amour peut s’exprimer sous différentes formes.
Exprimer son amour à une personne de façon polyforme
En effet, il n’y a pas qu’une seule manière d’exprimer et de montrer son amour à une personne.
Bien sûr, les mots sont très importants, il est crucial de partager avec des mots ses sentiments, ses sensations et ses émotions avec la personne que l’on aime.
Il n’est pas toujours facile de prononcer la phrase très classique ” je t’aime ” mais si c’est ce que vous ressentez, cette phrase sortira de vous très naturellement au bon moment.
Il y a mille et une autres manières de dire ” je t’aime ” en utilisant d’autres mots. Dire à une personne qu’on passe du bon temps avec elle, lui dire qu’on a hâte de la revoir, lui dire qu’on l’apprécie, qu’elle est importante dans notre vie, lui parler de l’envie de passer plus de temps ensemble…
L’amour peut transparaître et être transmis à la personne que vous aimez par chacun de vos mots.
De même pour les intentions, les gestes et les attitudes. On peut exprimer son amour pour une personne en lui montrant qu’on fait attention à elle, qu’on vérifie en permanence si elle est consentante, on lui demande son avis, on s’intéresse véritablement à elle.
Créez un safe space pour tous.tes ! L’amour est un état d’esprit. C’est quelque chose de l’ordre de la philosophie de vie et aussi de la pratique du bien-être individuel et collectif.
Par ailleurs, exprimer et partager son amour, c’est être capable d’écouter et de véritablement prendre en compte les besoins de chacun.e.
Chaque personne est unique et l’amour ressenti pour chaque personne l’est encore plus. C’est pourquoi c’est à chacun.e de trouver son mode de communication de son amour, un mode de communication polyforme.
Le caractère polyforme de l’amour et de l’expression de l’amour se retrouve dans la poésie française du 19ème siècle.
Exprimer l’amour dans la poésie française du 19ème siècle : une bonne source d’inspiration
Pour montrer le caractère individuel et polyforme de l’amour, voici une petite sélection de poèmes français du 19ème siècle (extraits du site internet) dans lesquels le poète exprime son amour de manière singulière et individualisée.
Camille, quand la Nuit t’endort. . . (1844)
Théodore De Banville (1823-1891)
Camille, quand la Nuit t’endort sous ses grands voiles;
Quand un rêve céleste emplit tes yeux d’étoiles;
Quand tes regards, lassés des fatigues du jour,
Se reposent partout sur des routes fleuries
Dans le pays charmant des molles rêveries,
Camille, que vois-tu dans tes songes d’amour?
Nous vois-tu, revenant par les noires allées,
Tous deux, donner des pleurs aux choses envolées
Que l’oubli dédaigneux couvre de flots dormants,
Ou dans le vieux manoir, au fond des parcs superbes,
Pousser de l’éperon parmi les hautes herbes
Les pas précipités de nos chevaux fumants?
Dans les moires de l’eau dont l’azur étincelle,
Nous vois-tu laissant fuir une frêle nacelle
Sur le grand lac paisible et frémissant d’accords,
Où devant les grands bois et les coteaux de vignes,
Glisse amoureusement la blancheur des beaux cygnes,
Aux accents mariés des harpes et des cors?
Moi, je vois rayonner tes yeux dans la nuit sombre,
Et je songe à ce jour où je sentis dans l’ombre,
Pour la première fois, de ton col renversé
Tombant à larges flots avec leur splendeur fière,
Tes cheveux d’or emplir mes deux mains de lumière,
Et ta lèvre de feu baiser mon front glacé.
La Reine De La Nuit.
Par Armand Renaud (1836-1895).
Son corps était couvert d’un voile en gaze noire
Où, sans nombre, on voyait luire des diamants;
Son front, plein du frisson magique de la gloire,
Portait le croissant mince et pur des firmaments.
Elle représentait vraiment la nuit superbe,
Avec ses millions d’étoiles, sa douceur,
Son blanc rayonnement posé sur l’onde ou l’herbe,
Et son azur sans fond, abîme du penseur;
La nuit où s’échappant furtives de chez elles,
Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer,
Où l’âme du poète, ouvrant toutes ses ailes,
Plane dans le pays lointain qui fait pleurer.
A sa forme, ou sentait la femme gracieuse;
On la saluait reine à son air froid et doux;
Et quand elle marchait, ombre silencieuse,
Devinant la déesse, on tombait à genoux.
Et comme, dans la nuit, il est de pâles nues,
Sur le front de la lune, en groupe, voltigeant,
Mes rêves emportés loin des routes connues,
Se jouaient sur le bord de son croissant d’argent.
Les Femmes Et La Mer.
Par Armand Silvestre.(1837-1901)
Depuis qu’Aphrodite la blonde
Jaillit des bras du flot amer,
Mieux qu’à nous, fidèles à l’onde,
Les femmes ont aimé la mer.
Et la Mer a gardé pour elles
Le tendre regard d’un amant;
Elle vient baiser leurs pieds frêles
Avec un doux gémissement.
L’écume de ses flots plu scalmes
Que l’orage ne gonfle pas
Vient poser l’argent de ses palmes
Sur le doux chemin de leurs pas.
L’âme de la mer est pareille
Aux lyres qu’effleure le vent,
Elle murmure à leur oreille
Un chant douloureux et vivant.
Souvent, j’ai voulu, dans un rêve,
Assis au bord du flot moqueur,
Mêler aux chansons de la grève
La triste chanson de mon coeur,
Quand je voyais, énamourées
Par les acres senteurs de l’air,
Passer sur les plages dorées
Les belles filles au teint clair.
La Volupté.
Par Sully Prudhomme. (1839-1907)
Deux êtres asservis par le désir vainqueur
Le sont jusqu’ à la mort : la volupté les lie.
Parfois, lasse un moment, la geôlière s’ oublie,
Et leur chaîne les serre avec moins de rigueur.
Aussitôt, se dressant tout chargés de langueur,
Ces pâles malheureux sentent leur infamie;
Chacun secoue alors cette chaîne ennemie,
Pour la briser lui-même ou s’arracher le coeur.
Ils vont rompre l’ acier du noeud qui les torture,
Mais elle, au bruit d’ anneaux qu’ éveille la rupture,
Entr’ ouvre ses longs yeux où nage un deuil puissant,
Elle a fait de ses bras leur tombe ardente et molle:
En silence attiré, le couple y redescend,
Et l’ éphémère essaim des repentirs s’ envole…
L’amour! un mot encor. . .
Par Louisa Siefert. (1845-1877)
L’amour! un mot encor, mais sublime et sauvage,
Apre au coeur et si doux qu’on ne peut l’oublier,
Et que sans cesse, ainsi que le flot au rivage,
Qui s’en vit repoussé revient le supplier.
O fléau tentateur au sûr et lent ravage,
Faible à te laisser prendre et fort à nous lier,
Lorsque, nous provoquant à te mettre en servage,
Tu nous charmes avant de nous humilier;
Auteur des plus longs maux et des plus courtes joies,
Qui, de la même main, nous sacres et nous broies
Sans nous donner jamais le temps de crier non;
Despote souverain à l’infernal empire,
O toi par qui l’on souffre et l’on meurt, qui peut dire
Ce que perdrait le monde à renier ton nom?
La tristesse a vaincu. . .
Par Louisa Siefert. (1845-1877)
La tristesse a vaincu, je souffre et je me tais:
J’ai de mon doigt glacé comprimé ma blessure,
Ma tête se redresse et ma voix se rassure-
Où sont les vers que je chantais?
Que sont-ils devenus, les chants de ma jeunesse?
L’écho me les demande et je ne les sais plus.
– La plage est bien muette après le grand reflux,
Avant que le flux ne renaisse.
Laissez la mer monter et le temps s’accomplir.
Comme aux jours de Marot cette parole est vraie,
Pour moi « l’arc débandé n’a pas guéri la plaie »,
Et j’ai senti mon coeur faiblir.
Ainsi l’enthousiaste observant un long jeûne
Cachera sa pâleur; et. fière de mes maux,
Moi, sur ma lèvre en feu, j’étoufferai ces mots:
J’aime encore et suis toujours jeune!
Amour.
Par Louisa Siefert. (1845-1877)
Ô rêves de jeunesse, éblouissant mirage,
Qui vous arrachera de mon coeur éperdu?
Qu’étaient donc ma raison, ma force, mon courage,
Qu’ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu?
Amour! oh! c’est bien toi dont j’ai senti la flamme,
Toi qui fais mon souci, toi qui fais mon effroi!
Ton souffle impérieux a passé sur mon âme;
Je tremble, je supplie, oh! que veux-tu de moi?
Qu’on ne me parle plus d’aurore ou de rosée,
De chansons au matin, d’astres au firmament;
Laissez-moi, par pitié, j’aime, je suis brisée,
Et j’ai tout oublié pour ce cruel tourment.
Mais quoi! je pleure encor? Oh! l’amour, c’est la vie,
Le bien, le beau, le grand, la foi, la vérité;
C’est Dieu même qui parle & soudain nous convie
À jouir tout vivants de l’immortalité!
Écoutez, écoutez: j’aime, je suis aimée,
Je puis vaincre la mort & braver l’inconnu;
Mon ciel était obscur, mon âme était fermée;
Voici: le jour s’est fait & l’amour est venu!
L’Introuvable.
Par Maurice Rollinat (1846-1903)
Ton amour est-il pur comme les forêts vierges,
Berceur comme la nuit, frais comme le Printemps?
Est-il mystérieux comme l’éclat des cierges,
Ardent comme la flamme et long comme le temps?
Lis-tu dans la nature ainsi qu’en un grand livre?
En toi, l’instinct du mal a-t-il gardé son mors?
Préfères-tu, – trouvant que la douleur enivre, –
Le sanglot des vivants au mutisme des morts?
Avide de humer l’atmosphère grisante,
Aimes-tu les senteurs des sapins soucieux,
Celles de la pluie âcre et de l’Aube irisante
Et les souffles errants de la mer et des cieux?
Et les chats, les grands chats dont la caresse griffe,
Quand ils sont devant l’âtre accroupis de travers,
Saurais-tu déchiffrer le vivant logogriphe
Qu’allume le phosphore au fond de leurs yeux verts?
Es-tu la confidente intime de la lune,
Et, tout le jour, fuyant le soleil ennemi,
As-tu l’amour de l’heure inquiétante et brune
Où l’objet grandissant ne se voit qu’à demi?
S’attache-t-il à toi le doute insatiable,
Comme le tartre aux dents, comme la rouille au fer?
Te sens-tu frissonner quand on parle du diable,
Et crois-tu qu’il existe ailleurs que dans l’enfer?
As-tu peur du remords plus que du mal physique,
Et vas-tu dans Pascal abreuver ta douleur?
Chopin est-il pour toi l’Ange de la musique,
Et Delacroix le grand sorcier de la couleur?
As-tu le rire triste et les larmes sincères,
Le mépris sans effort, l’orgueil sans vanité?
Fuis-tu les coeurs banals et les esprits faussaires
Dans l’asile du rêve et de la vérité?
– Hélas! autant vaudrait questionner la tombe!
La bouche de la femme est donc close à jamais
Que, nulle part, le Oui de mon âme n’en tombe?…
Je l’interroge encore et puis encore… mais,
Hélas! autant vaudrait questionner la tombe!
Les Yeux.
Par Maurice Rollinat. (1846-1903)
Partout je les évoque et partout je les vois,
Ces yeux ensorceleurs si mortellement tristes.
Oh! comme ils défiaient tout l’art des coloristes,
Eux qui mimaient sans geste et qui parlaient sans voix!
Yeux lascifs, et pourtant si noyés dans l’extase,
Si friands de lointain, si fous d’obscurité!
Ils s’ouvraient lentement, et, pleins d’étrangeté,
Brillaient comme à travers une invisible gaze.
Confident familier de leurs moindres regards,
J’y lisais des refus, des voeux et des demandes;
Bleus comme des saphirs, longs comme des amandes,
Ils devenaient parfois horriblement hagards.
Tantôt se reculant d’un million de lieues,
Tantôt se rapprochant jusqu’à rôder sur vous,
Ils étaient tour à tour inquiétants et doux:
Et moi, je suis hanté par ces prunelles bleues!
Quels vers de troubadours, quels chants de ménestrels,
Quels pages chuchoteurs d’exquises babioles,
Quels doigts pinceurs de luths ou gratteurs de violes
Ont célébré des yeux aussi surnaturels!
Ils savouraient la nuit, et vers la voûte brune
Ils se levaient avec de tels élancements,
Que l’on aurait pu croire, à de certains moments,
Qu’ils avaient un amour effréné pour la lune.
Mais ils considéraient ce monde avec stupeur:
Sur nos contorsions, nos colères, nos rixes,
Le spleen en découlait dans de longs regards fixes
Où la compassion se mêlait à la peur.
Messaline, Sapho, Cléopâtre, Antiope
Avaient fondu leurs yeux dans ces grands yeux plaintifs.
Oh! comme j’épiais les clignements furtifs
Qui leur donnaient soudain un petit air myope.
Aux champs, l’été, dans nos volontaires exils,
Près d’un site charmeur où le regard s’attache,
Ô parcelles d’azur, ô prunelles sans tache,
Vous humiez le soleil que tamisaient vos cils!
Vous aimiez les frissons de l’herbe où l’on se vautre;
Et parfois au-dessus d’un limpide abreuvoir
Longtemps vous vous baissiez, naïves, pour vous voir
Dans le cristal de l’eau moins profond que le vôtre.
Deux bluets par la brume entrevus dans un pré
Me rappellent ces yeux brillant sous la voilette,
Ces yeux de courtisane admirant sa toilette
Avec je ne sais quoi d’infiniment navré.
Ma passion jalouse y buvait sans alarmes,
Mon âme longuement s’y venait regarder,
Car ces magiques yeux avaient pour se farder
Le bistre du plaisir et la pâleur des larmes!-
Première Soirée.
Par Arthur Rimbaud (1854-1891)
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, mouche ou rosier.
Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent: “Veux-tu en finir!”
La première audace permise,
Le rire feignait de punir!
Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux:
Elle jeta sa tête mièvre
En arrière: “Oh! c’est encor mieux!.
Monsieur, j’ai deux mots à te dire.”
Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien.
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Mars 1870.
Comme une grande fleur. . .
Par Albert Samain. (1858-1900)
Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents…
Je t’enlace; j’ai comme un peu de l’âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris… je te tiens pâle et l’âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord
De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort.
Incliné sur tes yeux où palpite une flamme
Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme…
De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s’allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser! …
20ème Siècle.
Le Jour Où Je Vous Vis. . .
Par Jean Richepin. (1849-1926)
Le jour où je vous vis pour la première fois,
Vous aviez un air triste et gai: dans votre voix
Pleuraient des rossignols captifs, sifflaient des merles;
Votre bouche rieuse, où fleurissaient des perles,
Gardait à ses deux coins d’imperceptibles plis;
Vos grands yeux bleus semblaient des calices remplis
Par l’orage, et séchant les larmes de la pluie
A la brise d’avril qui chante et les essuie;
Et des ombres passaient sur votre front vermeil
Comme un papillon noir dans un rais de soleil.
Le Socle.
Par Henri De Régnier. (1864-1936)
L’Amour qui souriait en son bronze d’or clair
Au centre du bassin qu’enfeuille, soir à soir,
L’automne, a chancelé en se penchant pour voir
En l’onde son reflet lui rire, inverse et vert.
Le prestige mystérieux s’est entr’ouvert;
Sa chute, par sa ride, a brisé le miroir,
Et dans la transparence en paix du cristal noir
On l’aperçoit qui dort sous l’eau qui l’a couvert.
Le lieu est triste; l’if est dur; le cyprès nu.
L’allée au loin s’enfonce où nul n’est revenu
Dont le pas à jamais vibre au fond de l’écho;
Et, de l’Amour tombé du socle qu’il dénude,
Il reste un bloc égal qui semble le tombeau
Du songe, du silence et de la solitude.
Les Cerises.
Par Francis Jammes. (1868-1938)
Le banc serait de lierre et de pierre effritée.
Auprès du vieux parterre où de tristes ricins
Ombrageraient la poule et ses petits poussins
Je vous dorloterais, ô mon enfant gâtée.
Les roses cerisiers à l’écorce argentée,
Dont les fruits sont pareils aux coraux abyssins,
Pleurant leurs larmes d’or au-dessus des fusains,
Nous diraient la chanson des moineaux enchantée.
Et je vous cueillerais sur ces frais cerisiers
Des cerises qu’un brin de bois lierait pareilles
Pour vous les mettre ainsi que des pendants d’oreilles :
Et, me baissant un peu pour que vous me baisiez
Au front, je vous rendrais dans vos cheveux en boucles
Vos baisers, en mordant vos rouges escarboucles.
Premier Amour. (1919)
Par Charles Gill. (1871-1918)
I
Nous nous étions connus tout petits à l’école.
Comme son père était de mon père voisin,
Nous partions tous les deux sac au dos le matin
Nos têtes s’encadraient d’une même auréole.
Dans la rose candeur du sourire enfantin,
Nous étions bons amis. Quand les flots du Pactole
Roulaient chez l’un de nous, par hasard, une obole,
Nous divisions toujours en deux parts le festin.
Souvent, aux lendemains de mes fainéantises,
Me laissant consulter en route son devoir,
Elle sut m’épargner l’horreur du cachot noir.
Moi, je grimpais pour elle à l’arbre des cerises,
Pour elle je pillais la vigne et le pommier,
Et je la défendais comme un bon chevalier.
II
Plus tard, à l’âge d’or où dans notre poitrine
Vibre l’enchantement des frissons amoureux,
À l’âge où l’on s’égare au fond des rêves bleus,
Sans songer à demain et ce qu’il nous destine,
Sous les érables du grand parc, à la sourdine,
Nous nous cachions, loin des oreilles et des yeux,
Et, son front virginal penché sur mes cheveux,
Ensemble nous lisions le divin Lamartine.
Oui! nous avons vécu l’âge de nos seize ans
Où le coeur entend mieux ce que la lyre exprime,
Parmi les vers d’amour frappés au coin sublime.
Oui! nous avons connu les baisers innocents,
Sur le lac de cristal que la nacelle effleure,
Devant le livre ouvert à la page où l’on pleure.
III
Comme ils coulaient heureux ces beaux jours d’autrefois!
Comme nous nous aimions avec nos âmes blanches!
Dans les sentiers discrets émaillés de pervenches
Qu’épargnaient en passant ses brodequins étroits,
Nous allions écouter l’harmonieuse voix
Des souffles attiédis qui chantaient dans les branches;
Nous mêlions au murmure infini des grands bois
L’écho de nos serments et de nos gaîtés franches.
Fervents du clair de lune et des soirs étoilés,
Nous allions réveiller les nénufars des plages,
Inclinant sur les flots leurs corps immaculés.
Et nous aimions unir nos riantes images
Aux scintillants reflets des milliers d’astres d’or,
Dans l’immense miroir du Saint-Laurent qui dort.
Les Pas.
Par Paul Valéry. (1871-1945)
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux, tes pas retenus!
Dieux!… tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus!
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
À l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n’était que vos pas.
La Dormeuse.
Par Paul Valéry. (1871-1945)
Quels secrets dans mon coeur brûle ma jeune amie,
me par le doux masque aspirant une fleur?
De quels vains aliments sa naïve chaleur
Fait ce rayonnement d’une femme endormie?
Souffles, songes, silence, invincible accalmie,
Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.
Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons,
Ton repos redoutable est chargé de tels dons,
Ô biche avec langueur longue auprès d’une grappe,
Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers,
Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape,
Veille; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.
Holocauste.
Par Albert Ferland. (1872-1943)
Puisque vous ne sauriez vous lasser, ô mes yeux,
D’admirer la splendeur de sa beauté charnelle,
Subissez à jamais son charme impérieux
Et soyez obsédés des feux de sa prunelle.
Puisqu’il m’est douloureux d’oser, en mon amour,
Vous sevrer du nectar de sa bouche incarnate,
Mes lèvres, brûlez donc de boire chaque jour
Son baiser qui parfume ainsi qu’un aromate.
Puisque en moi s’est accru le désir obsesseur
D’étreindre follement ses mains d’impératrice,
O mes mains, recherchez leur contact enchanteur
Jusqu’à ce que le temps pour toujours les flétrisse.
Je voudrais bien. . .
Par Anna De Noailles. (1876-1933)
Je voudrais bien qu’on départage
Le double voeu qui me combat:
– Je souhaite ne vivre pas,
Mais je veux revoir ton visage!
Certes, la mort est le seul lieu
Qui convienne à ce corps trop triste,
Mais il faut encor que j’existe:
Je ne peux pas quitter tes yeux!
L’espace, le ciel, la nature
Me plaisent moins que le tombeau;
Je n’aime plus nulle aventure,
Mais savoir que tu vis est beau
Savoir que tu vis, être sûre,
D’être seule à le savoir tant!
Dois-je te faire la blessure
De te rendre moins existant?
Qui veux-tu qui jamais respire
Ton être avec tant de grandeur?
– Et songe que tu me fais peur,
À moi, la meilleure et la pire!…
Amour Immaculé.
Par Emile Nelligan. (1879-1941)
Je sais en une église un vitrail merveilleux
Où quelque artiste illustre, inspiré des archanges,
A peint d’une façon mystique, en robe à franges,
Le front nimbé d’un astre, une Sainte aux yeux bleus.
Le soir, l’esprit hanté de rêves nébuleux
Et du céleste écho de récitals étranges,
Je m’en viens la prier sous les lueurs oranges
De la lune qui luit entre ses blonds cheveux.
Telle sur le vitrail de mon coeur je t’ai peinte,
Ma romanesque aimée, ô pâle et blonde sainte,
Toi, la seule que j’aime et toujours aimerai;
Mais tu restes muette, impassible, et, trop fière,
Tu te plais à me voir, sombre et désespéré,
Errer dans mon amour comme en un cimetière!
Amours D’Elite.
Par Emile Nelligan. (1879-1941)
Parfois j ‘ai le désir d’une soeur bonne et tendre,
D ‘une soeur angélique au sourire discret:
Soeur qui m ‘enseignera doucement le secret
De prier comme il faut, d’espérer et d’attendre.
J’ai ce désir très pur d’une soeur éternelle,
D’une soeur d’amitié dans le règne de l’Art,
Qui me saura veillant à ma lampe très tard
Et qui me couvrira des cieux de sa prunelle;
Qui me prendra les mains quelquefois dans les siennes
Et me chuchotera d’immaculés conseils,
Avec le charme ailé des voix musiciennes;
Et pour qui je ferai, si j’aborde à la gloire,
Fleurir tout un jardin de lys et de soleils
Dans l’azur d’un poème offert à sa mémoire.
Le Pont Mirabeau.
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours.
Faut-il qu’il m’en souvienne?
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure,
Les jours s’en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe.
Des éternels regards l’onde si lasse.
Vienne la nuit sonne l’heure,
Les jours s’en vont je demeure.
L’amour s’en va comme cette eau courante.
L’amour s’en va,
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente.
Vienne la nuit sonne l’heure,
Les jours s’en vont je demeure.
Passent les jours et passent les semaines.
Ni temps passé,
Ni les amours reviennent.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Les Colchiques.
Guillaume Apollinaire 1880-1918
Le pré est vénéneux mais joli en automne,
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent.
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit; tes yeux sont comme cette fleur-la,
Violatres comme leur cerne et comme cet automne.
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne.
Les enfants de l’école viennent avec fracas,
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica.
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément.
Le gardien du troupeau chante tout doucement,
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne.
Le Passé maugréait. . .
Tristan Derème. (1889-1941)
Le Passé maugréait et frappait à la porte.
Je me taisais. Il m’appela d’une voix forte;
Mais je continuai de songer à tes yeux;
Et j’entendais crier le vieillard furieux,
Grelottant dans la nuit sous sa mante à ramages,
Il est entré portant un vieux livre d’images.
Laure, dans la maison à l’ombre des sureaux,
Songeuse, tu brodais derrière les carreaux,
Et, si j’apercevais un livre à ta fenêtre,
Je sonnais à la grille et tu voyais paraître,
Au jardin envahi d’herbe et de serpolet,
Celui qui dans les soirs longuement te parlait
Et déroulait son rêve ainsi qu’un paysage…
Laure, où sont tes cheveux, tes mains et ton visage?…
Vous qui pleuriez, mélancolique, au soir tombant;
Toi qui sur ton épaule attachais un ruban
Mauve; toi qui jouais Manon et l’ouverture
De Tannhäuser; toi qui riais dans ta voiture…
Ô passé, plein de fleurs et de chardonnerets!
Rires! Passé léger! Passé tendre! Regrets!
Mésanges, accourez, mes lointaines pensées!
Ô souvenirs, rameaux flétris, branches cassées…
Oui, j’aurais dû, ce soir, te dire tout cela,
T’avouer les penchants où mon coeur s’écoula
Et te montrer au loin ces figures d’argile,
Et nous aurions pleuré de sentir si fragile
Notre amour qui s’éveille et frissonne au soleil
D’automne, notre amour incassable et pareil
Aux beaux jouets de notre enfance. Mais qu’importe,
Si l’espérance encore ouvre la vieille porte?
Elle parle; sa voix illumine tes yeux;
Son regard verse en nous la lumière des cieux.
Sous le manteau de pourpre et la cuirasse triple,
Cheveux au vent, partons pour le vaste périple.
Les merles se sont tus devant l’astre éclatant;
Et le navire aux voiles blanches nous attend
Au port, prêt à cingler vers les îles lointaines
Où le bonheur fleurit aux rives des fontaines.
Je ne sais quelle main nous pousse. Nous rirons
Des rafales soufflant dans leurs rauques clairons;
Et, comme ivres, car l’Univers nous est complice,
Les flots noirs et cabrés nous seront un délice.
Ainsi nous voguerons sur l’eau cruelle ou sur
L’eau calme, sous tes coups, tonnerre, ou sous l’azur,
Sous la lune indulgente ou dans l’ombre sauvage.
Et plus tard n’ayant vu briller aucun rivage,
Revenus, mais encor, les doigts ensanglantés,
Rêvant que sur la mer âpre des voluptés
Il est pourtant après les tempêtes quelque île
Où boire le bonheur d’une âme enfin tranquille,
Fourbus, endoloris, meurtris, nous changerons
La voile blanche ou nous prendrons les avirons,
Sur l’eau vaine luttant, mangeant notre colère,
Pauvres rameurs perdus sur la vieille galère.
Source : http://www.poesies.net
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