Avoir un amant : qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Quand quelqu’un.e a un amant, c’est qu’iel a une relation amoureuse hors de sa relation de couple officielle. Iel a ce qu’on appelle une relation extra conjugale.
Avoir un amant est quelque chose qui est perçue négativement car il y a de la tromperie et de la trahison. Le ou la partenaire principal.e n’est pas au courant de ce qui se passe derrière son dos.
Avoir un amant – même le temps d’un weekend – c’est comme avoir une double vie et personne n’a envie d’apprendre que sa ou son partenaire a une double vie, une histoire d’amour parallèle.
Les personnes qui cachent à leur partenaire qu’elles ont un amant sont souvent typiquement une femme mariée ou un homme marié, des personnes qui ont une vie de famille.
Ces personnes ont certainement peur de la rupture amoureuse avec leur partenaire dit principal. Elles ont peur de voir leur vie privée et peut-être leur vie de famille et tout simplement leur vie prendre un tout autre tournant.
Le désir sexuel est tout à fait naturel. Même en étant en couple, il est tout à fait normal de ressentir du désir sexuel pour d’autres personnes.
Il n’y a rien de fondamentalement mal là-dedans. Là où ça commence à sentir mauvais c’est lorsqu’on passe à l’acte sans même en parler à son ou à sa partenaire.
Quelle genre de relation est une relation dans laquelle on cache des choses aussi importantes à l’autre personne alors même qu’elle est concernée ?
Mentir, tromper, trahir. J’ai un intérêt légitime pour ces notions. Dans cet article, je tente d’en savoir plus et d’explorer ces notions en plus des notions de couple, d’exclusivité, d’inclusivité, de polyamour, de consentement, de compersion, de safe space et de bien-être.
Pourquoi ne pas penser les choses différemment et faire en sorte que les relations extraconjugales deviennent potentiellement des relations polyamoureuses dans lesquelles on ne ment pas, on ne trompe pas, on ne trahit pas, on a une totale confiance les un.e.s dans les autres, on partage, on est honnête et on cultive le bien-être de tous.tes.
L’inclusivité relationnelle : une alternative aux relations amoureuses exclusives à deux
On prend souvent pour acquis l’exclusivité dans les relations amoureuses alors qu’on ne pourrait jamais imaginer être exclusif.ve en amitié. Alors que bien souvent on n’a qu’un.e seul.e partenaire amoureux.se, on a revanche plusieurs ami.e.s.
Dans une relation amoureuse, il faudrait pouvoir avoir le choix, explorer, se poser la question de savoir si le modèle exclusif convient vraiment aux partenaires.
Discuter de ses envies, de ses idées, de ses idéologies, de ses perspectives d’avenir et de la forme de la relation voulue, tout cela est fondamental.
Bien sûr, il ne s’agit pas de passer obligatoirement d’une relation amoureuse exclusive à une relation amoureuse inclusive.
Si les partenaires sont épanoui.e.s dans leur relation de couple et que cela leur convient très bien, alors il n’y a aucune bonne raison pour tenter le polyamour.
En revanche, pour celles et ceux qui risquent de ne pas se contenter d’une relation exclusive à deux, il y a toutes les bonnes raisons de penser à la pratique polyamoureuse.
Les avantages du polyamour (polyamory en anglais) sont nombreux et le podcast Amours Plurielles en parle très bien, notamment dans l’épisode intitulé Polyamour, jalousie et ouverture du couple (Delph).
Tout d’abord, ouvrir le couple offre un soulagement quant au fait de devoir totalement satisfaire sa ou son partenaire.
En effet, en multipliant les partenaires amoureux.se, on est moins frustré.e dans le sens où le poids de la nécessité de satisfaction totale de l’autre repose moins uniquement sur les seules épaules des deux partenaires mais elle est d’une certaine manière répartie entre tous.tes les partenaires engagés.
Mais comment crée-t-on une relation polyamoureuse saine ?
Le consentement et le safe space dans les relations
Passer d’expériences de relations amoureuses exclusives à des relations amoureuses inclusives et polyamoureuses connaît des exigences particulières afin que le passage l’unes à l’autres soit réussi.
La règle numéro une est la mise en place d’un safe space dans lequel il y a un règne absolu du consentement.
Pour créer l’espace propice au polyamour, il faut s’assurer en permanence que les partenaires sont consentants à chaque étape.
Il ne faut surtout jamais se dire que les choses sont évidentes mais au contraire, bien vérifier à chaque pas que l’accord mutuel est bien là.
La communication est plus que centrale dans ce processus afin d’assurer le bien-être.
Le bien-être et l’exercice de la compersion
Le défi principal des relations polyamoureuses et du passage d’une relation exclusive à une relation inclusive c’est l’ensemble des sentiments très négatifs et très liés à l’égo comme la jalousie, la comparaison avec les autres partenaires, le manque de confiance en soi…
Souvent, le premier obstacle est la jalousie. On ressent de la jalousie à des degrés différents, comme si l’autre était notre propriété privée. Or l’autre n’est la propriété de personne.
Et tout comme soi-même, l’autre a le droit à une multiplicité de relations avec les autres, à un épanouissement riche, à un bonheur polyforme.
Alors au lieu de cultiver la jalousie, pourquoi ne pas plutôt cultiver la compersion ?
La compersion est l’antonyme de la jalousie. La compersion est un sentiment très positif, un sentiment de joie, de bonheur et qui est nourri par le fait de voir ses partenaires et les autres heureux.ses, épanouies dans leurs relations avec d’autres personnes.
La compersion est un très beau sentiment qui ne fait qu’accroître le bonheur des partenaires. Il n’y a rien de plus beau que d’être heureux.se pour sa ou son partenaire et son épanouissement. Cela crée une véritable émulation de bonheur.
La pratique de la compersion peut être, la première fois, vécue et ressentie comme contr’intuitive car nous sommes habitué.e.s à la jalousie et à la possessivité.
Pour mieux construire ensemble la compersion, il faut énormément communiquer et travailler sur la confiance en soi et sur l’estime de soi.
Il faudrait faire dire à son ou sa partenaire que les relations avec les autres ne vont en aucun cas abîmer la relation à tous.tes les deux, ni l’amour existant. Il est nécessaire de rassurer sa ou son partenaire fréquemment.
Parallèlement à une communication dense, il est impératif de cultiver la confiance en soi et en les autres, ainsi que l’estime de soi et des autres.
Tout cela constitue les ingrédients qui contribuent au bien-être de chacune des personnes impliquées dans la relation, ce qui ne peut qu’agrandir le bonheur des relations humaines.
Si, malgré les tentatives pour mettre en place une relation polyamoureuse, cela engendre des souffrances chez l’un.e des partenaires, mieux vaut ne pas forcer les choses. Dans ce type de situation, ce serait un échec de continuer à insister.
L’idée de s’écouter soi-même et d’écouter l’autre, mutuellement.
Les histoires de tromperie et l’adultère n’existent que du fait de la norme du couple exclusive qui est pris comme argent comptant sans remise en question aucune.
Plutôt que de chercher des conseils chez Alexandre Cormont, mieux vaut créer une néonorme qui correspond personnellement et individuellement aux partenaires engagés dans la relation amoureuse.
L’inclusivité respectueuse peut être une solution pour certain.es, bien que pas pour tous.tes.
Le plus important est de changer de point de vue et de prendre la bonne décision tout en pensant au bien-être de chacun.e, à la mise en place d’un safe space, en pratiquant le consentement et la compersion, en cultivant la confiance en soi, en les autres ainsi que l’estime de soi et des autres.
Être en couple vs. le polyamour
Et si, après tout, le couple ce n’était pas votre truc ? Et si après plusieurs relations amoureuses normées par l’idée et l’image du couple, vous ne trouviez toujours pas votre épanouissement dans l’affaire ?
Et si vous essayiez d’autres formes amoureuses ou tout simplement relationnelles ?
Il est bien sûr compliqué de passer d’expériences amoureuses exclusives à des expériences amoureuses plus ouvertes comme celles du polyamour.
La plupart d’entre nous est tellement éduquée à l’exclusivité amoureuse que cela peut être très douloureux d’expérimenter les formes plus libres de l’amour.
Il s’agit d’une tout autre éducation mais qui vaut le coup d’être explorée voire appliquée.
Souvent, on pense que le polyamour c’est une sorte de grand n’importe quoi où il est possible d’avoir plusieurs partenaires, comme bon nous semble.
Bien au contraire, le polyamour est une forme respectueuse et consentante de l’amour. C’est être capable de vivre ses désirs amoureux avec honnêteté et sincérité.
C’est défier les normes de l’exclusivité pour approfondir son bonheur relationnel.
Alors, être en couple ou ne pas être en couple ? Telle est la question.
Le problème de l’exclusivité souvent implicite dans la relation amoureuse ou dans la vie de couple
Dans certains cas – je dirais même dans la majorité des cas -, quand deux personnes ont le coup de foudre l’une pour l’autre, qu’elles tombent amoureuses l’une de l’autre après le premier rendez-vous, qu’elles passent du temps exclusivement entre deux et mettent tout naturellement en place une relation de couple exclusive, c’est là que certains soucis peuvent vraiment se créer.
Et ce sont des soucis graves bien qu’ils paraissent tout à fait banals mais ils sont en fait malheureusement banalisés, pris comme tels, sans remise en question la plupart du temps.
Car présupposer qu’être en relation amoureuse avec une personne et que cette relation doit être automatiquement exclusive – c’est-à-dire qu’elle devrait exclure toute autre relation amoureuse avec d’autres – constitue une véritable limite de la relation elle-même et de la liberté de chacun et de chacune des partenaires impliqué.e.s dans la relation.
En effet, cela ne va pas de soi de fermer automatiquement une relation amoureuse sous prétexte que c’est conventionnellement ce qui se fait ailleurs, sans même en parler, en discuter, sans même se préoccuper des besoins de l’un.e et de l’autre, des libertés de l’un.e et de l’autre.
Mettre en place une relation d’exclusivité, de façon implicite, sans même en débattre ou réfléchir dessus, peut, par ailleurs, nourrir des émotions, des sentiments, des sensations très (très) négatives et nocives comme par exemple, entre autres, la jalousie et la possessivité.
Ces sentiments ne sont en aucun cas ni constructifs ni bénéfique pour absolument aucun type de relations (humaines). Bien au contraire, ils sont carrément destructifs, et de manière très insidieuse.
Le véritable enjeu ici est un grand changement de perspectives, un chamboulement des points de vue et une ouverture vers la possibilité d’un développement de soi et d’une richesse amoureuse polyforme, de relations multiformes dénuées de domination et de toxicité.
De l’exclusivité amoureuse à l’inclusivité amoureuse : de quoi s’agit-il exactement ?
Il ne s’agit pas d’opposer exclusivité et inclusivité dans les relations amoureuses. Il s’agit plutôt de déconstruire ce qui parfois considéré comme une évidence, comme LA façon de mener une relation amoureuse.
Il est très réducteur et illusoire de penser que dans nos vies, il y a des types de relations bien définis : la relation amoureuse, la relation amicale, la relation professionnelle etc.
La réalité est bien plus complexe car il s’agit avant tout de relations humaines.
Et chaque relation (humaine) est unique et elle ne peut être simplement réduite à des qualificatifs verbaux.
Toute relation devrait en fait être inclusive. Pourquoi devrait-elle se limiter et priver les personnes impliquées d’expériences plus vastes, plus riches, plus nourrissantes, plus profondes ?
La jalousie et la possessivité peuvent être dans une certaine mesure compris, parce que beaucoup d’entre nous sont éduqués à être jaloux et possessifs. C’est un apprentissage qu’il est tout à fait possible de désapprendre.
Certes, ce n’est pas une mince affaire car il est en fait question de l’égo. Bien trop souvent, on apprend à nourrir son égo de jalousie et de possessivité.
Par ailleurs, la jalousie et la possessivité installent des schémas hiérarchiques de domination dans la vie amoureuse, ce qui est fortement propice à la toxicité.
Le premier pas consiste à s’ouvrir, à ouvrir son coeur. Cela demande un véritable changement de perspective.
Ne prenez plus tout bonnement pour acquis ce qui vous a été inculqué ! Détachez-vous-en ! Cela en vaut la peine. Ce qui vous attend est bien plus beau !
L’inclusivité amoureuse pour le bien-être de tous.tes !
S’ouvrir aux problématiques de jalousie et de possessivité c’est enfin mieux ouvrir son coeur à la prise en compte sincère du bien-être des personnes impliquées dans les relations.
Le bien-être de tous.tes : n’est-ce pas finalement cela qui est le plus important et qui compte le plus dans les relations (humaines) ?
Le processus pour véritablement créer le safe space nécessaire au bien-être de tous.tes peut-te long et ardu mais il vaut le coup d’être expérimenté.
Les concepts-clefs à explorer seraient donc ceux du safe space, du bien-être et de l’inclusivité.
L’objectif est d’ouvrir la discussion sur la toxicité de l’exclusivité qui peut facilement entraîner la jalousie, la possessivité, l’hypocrisie, le mensonge, la trahison, la tricherie, la tromperie, la cachotterie…
En effet, si la trahison existe c’est qu’il y a une hypocrisie selon laquelle un couple amoureux est censé être exclusif. Or ce modèle ne convient pas à tous.tes.
Et surtout, c’est un modèle originellement patriarcal et élitiste qui n’a rien à voir avec l’amour mais qui a pourtant définis nos sociétés et nos intimités.
Si les choses étaient honnêtement et sincèrement dites ouvertement, il n’y aurait ni mensonge ni tromperie. Il resterait peut-être la jalousie et la possessivité qui se guérissent par le partage, la parole et l’écoute.
Le tout, dans un espace consentant, condition nécessaire au safe space.
Jetons maintenant un petit coup d’oeil sur les productions artistiques en lien avec le thème du polyamour/polylove.
Poésie et podcast sur le polyamour/polylove
Pour s’inspirer voici un poème de Poète Polylover que vous pouvez lire sur Instagram à l’adresse : https://www.instagram.com/poetepolylover/
À lire, sans modération !
POLYLOVE 5
Être deux
Être doux
Un deux trois
Être trois
À l’étroit
Un d’ces quatre
Être plus
Plus de mains
Même seul
Être plein
Être belle
Et bien
Humains
Voici un deuxième poème que j’ai sélectionné pour vous le partage. Il s’agit d’un poème écrit par Q en décembre 2013 et publié sur le site Hello Poety à l’adresse : https://hellopoetry.com/words/polyamorous/
Le poème est originellement en anglais et vous pourrez en lire ci-dessous une traduction libre de l’anglais vers le français.
Polyamorous
” Fille gourmande “, chuchotent-iels.
Car deux, ce n’était pas assez.
Je ne suis pas entière, avec seulement âme en plus
J’ai besoin de deux pour pouvoir donner ma confiance.
Mon adorable trio à moi
Je ne pouvais espérer plus
Et iels me traitent de tordue, ” L’amour c’est à deux, pas à trois ! ”
Iels murmurent que je suis une ****.
Je ne suis pas jalouse ni indécise
Ce n’est ni de la triche ni de l’abus
Juste parce que vous ne l’avez jamais eu ne signifie pas que trois n’est pas mieux
pour celui.lle qui n’est pas désorienté.e.
” Peut-être n’est-ce qu’une phase “,
” Une personne qui a toute sa tête n’en voudrait
trois ou quatre, qui a besoin de plus que deux ? ”
Iels pensent tous.tes comme ça.
Mais je suis polyamoureuse
Mes partenaires sont au pluriel
Et on s’aime de façon égale, aucune importance qu’on soit trois
Notre relation n’est contraire à aucune éthique, à aucune morale.
Alors jugez comme vous le souhaitez
Jugez comme cela vous plaît
Je suis fière de mon **** et des mes sexualités
Et ce sera le polyamour pour moi.