Écrire quand on aime est un excellent exercice à la fois de compréhension de ses propres sentiments et de transmission de ceux-ci.
Que ce soit pour la Saint-Valentin, à l’occasion d’un petit message surprise de bonne nuit, écrire est vraiment quelque chose de libérateur et de fort.
L’écriture de l’amour ne constitue pas les droits réservés de la poésie reconnue.
Bien au contraire, tout.e un.e chacun.e peut se lancer dans la rédaction de textes d’amour venant du fond du coeur.
La poésie est très inspirante pour ce qui est de l’écriture de belles déclarations d’amour, d’un message d’amour, de citations d’amour, d’une lettre d’amour, d’un SMS d’amour, d’un texte d’amoureux au bien-aimé ou à la bien-aimée.
La poésie dans le monde est largement dominée par des poètes hommes, c’est pourquoi j’ai eu l’idée de lire les poèmes d’amour de certaines poétesses.
Oublions pour un instant Victor Hugo, Antoine de Saint-Exupéry et Paul Eluard, et découvrons des poétesses prometteuses qui parlent de l’amour, de l’amour impossible et de la relation amoureuse avec de jolis mots et de la justesse.
Voir aussi : Un Poème Sur L’amour, C’est Comme Un Pont Vers Notre Cœur
Voici la liste des poétesses dont sera présentera un poème :
• Adélaïde Dufrénoy (1765-1825)
• Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
• George Sand (1804-1876)
• Esther Granek (1927-2016)
• Louise Ackermann (1813-1890)
• Yvonne Ferrand-Weyher (1873-1963)
• Rosemonde Gérard (1866-1953)
• Marie Krysinska (1864-1908)
• Marie Nizet (1859-1922)
• Jane Perdriel-Vaissière (1870-1951)
Ces femmes poétesses sont fort inspirantes et vont certainement vous donner des idées pour trouver les mots d’amour qui expriment ce que vous ressentez pour celui ou celle qui vous fait vivre de belles émotions et sensations.
Bonne lecture et bonne inspiration !
La jalousie, Adélaïde Dufrénoy
Dernier trésor d’une amie,
Toi dont les chastes amours
Aux jours sombres de ma vie
Font succéder de beaux jours,
Ah ! Pardonne à ma tendresse
Le caprice et le soupçon ;
Quand on aime avec ivresse
On perd souvent la raison.
Je sais que ton âme pure
Méprise un art imposteur,
Que je te fais une injure
En soupçonnant ta candeur.
J’abhorre la jalousie,
Qui m’atteint de son poison ;
Mais je t’aime à la folie ;
Je perds souvent la raison.
À mes injustes alarmes
Loin d’opposer des froideurs,
Lorsque tu verras mes larmes
Presse ton cœur sur mon cœur ;
Qu’un regard, un doux sourire,
Bannissent mon noir soupçon ;
Montre-moi plus de délire,
Et j’aurai plus de raison.
Elégies, suivies de poésies diverses, 1813
L’oreiller d’un enfant, Marceline Desbordes-Valmore
Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !
Beaucoup, beaucoup d’enfants, pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil, ô destinée amère !
Maman ! douce maman ! cela me fait gémir…
Les pleurs, 1933
À Aurore, George Sand
La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.
1873
Toi, Esther Granek
Toi c’est un mot
Toi c’est une voix
Toi c’est tes yeux et c’est ma joie
Toi c’est si beau
Toi c’est pour moi
Toi c’est bien là et je n’y crois
Toi c’est soleil
Toi c’est printemps
Toi c’est merveille de chaque instant
Toi c’est présent
Toi c’est bonheur
Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur
Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…
Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…
Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.
Ballades et réflexions à ma façon, 1978
L’amour et la mort, Louise Ackermann
Regardez-les passer, ces couples éphémères !
Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment ,
Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
Font le même serment :
Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
Avec étonnement entendent prononcer,
Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent
Et qui vont se glacer.
Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse
Qu’un élan d’espérance arrache à votre coeur,
Vain défi qu’au néant vous jetez, dans l’ivresse
D’un instant de bonheur ?
Amants, autour de vous une voix inflexible
Crie à tout ce qui naît : “Aime et meurs ici-bas !”
La mort est implacable et le ciel insensible ;
Vous n’échapperez-pas.
Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure,
Forts de ce même amour dont vous vous enivrez
Et perdus dans le sein de l’immense Nature,
Aimez donc et mourez !
Poésies philosophiques (1871)
Combat singulier, Yvonne Ferrand-Weyher
Lorsqu’ils devaient se fuir, l’amour s’est abattu
Sur deux coeurs fiers qu’il met aux prises ;
Deux coeurs d’égal orgueil qui, devant la traîtrise,
Rassemblent leur dure vertu.
Chacun se dresse alors saisi d’uns ivre rage,
Et semble avoir pour mission,
Tout entier possédé d’un contraire démon,
De provoquer l’autre courage,
Hostiles jusqu’au bout, ces deux âpres vainqueurs
Serrent sans cesse la mesure.
Ils ne se lâchent pas qu’une rouge blessure
Ne soit ouverte en leurs deux coeurs?
Ils s’excitent ainsi, à des fiertés plus hautes
Et ne cèdent pas le combat ;
La victoire, demain, sera pour qui s’abat
Aujourd’hui même sous ses fautes.
Ces terribles lutteurs, ces étranges rivaux,
Que durement l’amour stimule,
Quand la nuit l’un à l’autre enfin les dissimule,
Ne refoulent plus leurs sanglots.
Mais l’oeil sec et brillant ils reprennent leurs armes
Au jour, et recroisent le fer ;
Pour saisir le défaut le regard est plus clair
Qui fut nettoyé par leurs larmes.
Il faut aimer, Rosemonde Gérard
Il faut aimer le soir, l’aurore au talon rose,
Le manteau du mystère et le front du hasard,
Le sentier escarpé que monte un pied d’isard,
L’inaccessible fleur où la neige se pose.
Il faut aimer aussi le mur et le lézard,
Le banc familier et la plus simple chose;
Il faut aimer la brise, il faut aimer la rose,
Il faut aimer la rose et les vers de Ronsard.
Il faut aimer encor l’eau transparente et belle
Qui sur la berge vient aussitôt qu’on l’appelle,
Et l’arbre qui s’efface à la pointe des monts;
Il faut aimer le jour, le lendemain, la veille,
Le nid du rossignol, la ruche de l’abeille…
Il faut aimer surtout ceux-là que nous aimons!
Les yeux d’amantes, Marie Krysinka
Comme des coupes de vin subtil,
Comme des feux de lampes voilées,
Comme des étoiles au firmament d’avril
Brillent les yeux énamourés.
Aux noirs regards d’Espagne
Passe un éclair de lame.
Passion qu’une colère jalouse enflamme.
Pareilles aux sources étincelantes
Sont les prunelles vertes des ardentes
Amantes.
Les yeux bleus des blondes
Recèlent le charme fascinant de l’onde.
De fines bagues d’or,
Comme en des écrins de velours,
Attendent aux yeux, vierges encor,
Le regard promis à leur amour.
Les triomphantes, les adorées,
Portent sous leurs cils, qui rayonnent
Des flambeaux et des couronnes
Les bonheurs reçus, les bonheurs donnés
Y laissent des brumes comme de rosée
Sur les fleurs posée.
Dans l’eau limpide des yeux,
Comme dans l’eau d’un lac heureux,
Se mirent les ciels éblouis
Et les nuages
Lourds d’orages.
Mais une ombre funèbre volette,
Amantes veuves, sous vos paupières,
Ils sont, vos yeux de tristesse,
Comme d’éteintes lumières,
Comme des tombes qu’on délaisse
Où se fanent des violettes.
Intermèdes, 1903
La bouche, Marie Nizet
Ni sa pensée, en vol vers moi par tant de lieues,
Ni le rayon qui court sur son front de lumière,
Ni sa beauté de jeune dieu qui la première
Me tenta, ni ses yeux – ces deux caresses bleues ;
Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu’on touche,
Ni rien de ce qu’on voit de lui ne vaut sa bouche
Où l’on meurt de plaisir et qui s’acharne à mordre,
Sa bouche de fraîcheur, de délices, de flamme,
Fleur de volupté, de luxure et de désordre,
Qui vous vide le coeur et vous boit jusqu’à l’âme…
Pour Axel de Missie, 1923
Le baiser, Jane Perdriel-Vaissière
Le vent qui court, lissant les lames déferlées,
Sur tes lèvres sécha leur haleine salée,
Et ton baiser, ce soir, a le goût de la mer ;
Il me plaît d’en garder l’âpre saveur intacte,
Car l’amour, dont il inscrivit l’image exacte,
Serait moins pénétrant s’il n’était point amer.
Ta bouche, en le scellant d’une empreinte brûlante,
Semble asservir plus fort celle qui le reçut,
Celle-là dont le coeur ne t’aura point déçu,
Qui garde, obstinément tenace et patiente,
L’ardent et douloureux bonheur qu’elle a choisi
Et librement t’a dit : “Je t’aime et me voici.”
La complainte de celles qui ne seront pas épousées, 1908
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