Dans l’expression ” immaturité affective “, il y a une certaine connotation péjorative. Être immature serait perçu comme quelque chose de négatif. comme si on était censé, par nature, être mature. Il y aurait alors la norme de la maturité.
On est immature affectivement alors on connaît la dépendance affective dans une relation amoureuse, par exemple.
L’immaturité affective ne va pas de paire avec le bien-être avec l’estime de soi, avec la confiance en soi, la possibilité d’un développement personnel.
En effet, les personnes immatures affectivement n’ont pas confiance ni en elles, ni en les autres, elles n’ont pas une estime de soi et des autres très élevée. Elles souffrent internement et cela affecte leurs relations humaines.
La notion d’immaturité est souvent vu comme quelque chose de mal. On perçoit cela comme allant contre-nature, la nature serait de grandir normalement, de passer de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte.
Encore faut-il avoir vécu une enfance et une adolescence heureuses. Ce qui est rarement le cas.
On peut entendre dire que les personnes immatures ne peuvent pas avoir une vie privée stable ni des relations interpersonnelles très poussées.
Tout le quotidien des personnes qui vivent une immaturité émotionnelle est perturbé. Cela peut-être très vrai.
Mais, être immature affectivement ou émotionnellement ce n’est pas toujours ce que l’on croit. Et l’immaturité affective n’apporte pas uniquement des mauvaises choses au quotidien, dans sa vie quotidienne, dans sa vie professionnelle, dans sa vie de couple ou dans sa vie affective.
J’aimerais écrire au sujet de ma propre expérience pour éclaircir tout cela en espérant que cela vous inspire.
Mon immaturité affective : la prise de conscience
Je me suis rendue compte de mon immaturité affective il y a à peine quelques jours. En même temps que je me suis rendue compte que j’étais une personne à fort caractère abandonnique.
Je souffre donc de symptômes abandonniques et d’immaturité émotionnelle et d’immaturité affective.
J’ai jusque-là mis en place des mécanismes de défense me permettant à la fois de maintenir ma santé mentale tout en évitant la prise en charge professionnelle.
Mais aujourd’hui, je ne peux pas garder ces douleurs enfouies en moi. J’ai besoin de les extérioriser et de me réparer.
C’est ma relation amoureuse – qui a commencé maintenant il y a environ deux ans – qui m’a éclairée sur mes problèmes sur le plan affectif. Je peux l’écrire en toutes lettres : je suis une femme immature émotionnellement et affectivement, et abandonnique.
J’ai des anxiétés, des angoisses qui se répètent, qui reviennent, cycliquement. Depuis le début de cette belle relation amoureuse passionnelle, je rencontre beaucoup de difficultés avec moi-même.
Je ne suis pas bien. Je vais mal. Je suis mal à l’aise. J’ai un malêtre. Mais ce n’est pas à cause de l’autre personne.
Je dirais que ce sont précisément des évènements que je vis avec l’autre personne qui déclenchent en moi des douleurs que j’essaie d’enterrer – en vain – depuis ma toute petite enfance par les stratégies que j’ai mises en place.
Mais ces stratégies pour survivre mon anxiété abandonnique et mon immaturité affective ne sont plus très efficaces. Bien au contraire, ils participent à ma destruction émotionnelle et à la destruction des relations interpersonnelles intenses.
La relation amoureuse que je vis exige de moi que je me répare, que je guérisse, que je fasse face à mes blessures pour qu’elles puissent cicatriser.
La prise de conscience est particulièrement difficile à vivre. Mais c’est une chance.
Cela prend certes beaucoup d’énergie, mais ça en vaut la peine car c’est de soi-même dont il est question. C’est de sa propre vie fragile et éphémère dont il est question.
Et cette vie je veux la partager avec mon amour et les personnes que j’aime le plus dans ma vie.
Aujourd’hui, je n’hésite plus à (re)commencer une thérapie parce que c’est un devoir vis-à-vis de moi-même, de mon bien-être et des personnes que j’aime.
Je veux prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin des autres.
Mon immaturité affective et ses mécanismes de défenses
Chez moi, mon immaturité affective et émotionnelle et ma personnalité abandonnique se manifestent principalement, je crois, par des mécanismes de défenses que j’ai mis en place dès mon plus jeune âge.
De manière générale, je fais très peu confiance au gens, je suis très solitaire, j’ai très peu confiance en moi, mon estime de moi-même est très basse, j’ai peur de parler aux autres, je suis très mal à l’aise dans les groupes de plus de deux ou trois personnes, les coups de fil me terrifient.
Je ne prends pas la parole en groupe, dans une classe ou une conférence par exemple, je n’ose jamais poser de question, je ne demande rien à personne, j’essaye toujours de me débrouiller par moi-même, toute seule. Je ne veux pas déranger les autres.
J’ai tout de même des ami.e.s et je crois que nous partageons tous.tes quelque chose dans ce sens.
Par ailleurs, je suis souvent dans les excès.
Je regarde trop films, je lis trop livres, je mange trop, je ne mange pas – j’ai été anorexique -, je marche trop, je ne sors pas du tout, je romps des relations parce que pour moi c’est tout ou rien.
J’achète trop de vêtements, j’achète trop tout court ou je n’achète rien du tout. J’étudie trop ou plus du tout. Je ne dors pas ou je dors trop.
Je fais le ménage à fond ou je ne le fais pas du tout. Je prends soin de moi ou je ne prends pas soin du tout. Je suis patiente avec les autres ou je ne le suis pas du tout.
Je vole.
Je vois du monde ou je n’en vois pas du tout.
Bref, je me défends, avec les moyens de bords. J’occupe mon cerveau de sorte à ne pas ce qu’il ne s’intéresse pas aux douleurs qui viennent de l’enfance et qui font que je suis ce que je suis aujourd’hui.
Les mécanismes de défense les plus dangereux dans mon cas, ce sont les rejets et les fuites que je mets en place dans certaines relations.
Mon immaturité affective : le réflexe du rejet et de la fuite perpétuels
C’est comme si je n’étais pas capable de croire qu’une relation humaine puisse durer. Soit je ne m’engage pas, soit je rejette, soit je fuis.
Le pire pour moi est de presque automatiquement rejeter l’amour des autres. Je reçois un compliment ou des mots gentils comme un couteau dans le coeur.
Je confonds la malveillance avec la bienveillance. Je confonds la haine et l’amour. Je confonds la gentillesse avec la méchanceté.
Je suis en permanence vigilante. Je mets du temps à m’ouvrir aux autres. Comme si je leur faisais passer un test bien pensé. J’ai peur des relations humaines.
J’ai peur qu’on ne m’accorde pas d’attention, j’ai peur qu’on abandonne, j’ai peur qu’on me trouve inintéressante… alors je préfère ne pas parler, de ne pas demander, ne pas attirer l’attention.
Je reste passive.
Si une relation amoureuse dure, je commence à douter. De mon point de vue, c’est impossible. Comment une relation amoureuse avec moi peut-elle durer ?
Comment l’autre personne peut-elle continuer à m’aimer ? Vraiment ?
Alors je détruis la relation. Je panique. J’ai des doutes puis des peurs, des anxiétés, des angoisses. Je me dis que je suis le problème, que je ne suis jamais satisfaite.
Que ce n’est pas pour moi. Mieux vaut être seule. C’est ce que j’ai toujours mérité.
Je suis dure avec moi-même. Je me déteste. J’ai envie de fuir. Loin. De partir.
De disparaître. De ne plus être un poids pour personne.
Mais je sais que je ne dois pas laisser faire ces soit-disant mécanismes de défense parce qu’ils me détruisent. Ils m’empoissonnent au quotidien. Ils empoisonnent ma vie privée.
Ils empoisonnent mon développement personnel. Ils empoisonnent ma santé mentale.
Au moment-même où j’écris, je suis dans un processus de distanciation par rapport à toutes mes difficultés et j’essaie de comprendre l’origine de tout cela pour pouvoir activer des mécanismes de défense plus sains que ceux que j’ai inconsciemment mis en place depuis toute petite.
Mon immaturité affective : pourquoi ?
Pourquoi tout cela ? Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je ce que je suis et qui je suis ?
Pourquoi souffré-je d’immaturité affective, d’immaturité émotionnelle et de symptômes abandonniques ?
J’ai commencé à me poser toutes questions il y a seulement quelques temps et j’ai pris conscience à quel point mon enfance a eu un grand impact sur ce que je vis maintenant.
Enfant, je n’ai pas eu l’attention dont j’avais besoin en tant que personne à part entière. De plus, j’ai en partie grandi dans un contexte politique de peur, de menace, d’inconnu, de danger, d’insécurité. Cela m’a profondément marqué.
Le plus grand traumatisme que j’ai vécu est sans doute la perte de l’être qui m’était le plus cher, de celle qui me donnait tout son amour et toute son attention : ma grand-mère paternelle. J’étais encore très jeune quand elle est décédée, et elle aussi était encore jeune.
Tout cela a en grande partie participé à constituer ce que je suis. Enfant, j’étais en quête d’amour, d’attention, de compréhension, de partage.
Le contexte politique a lui aussi sa part. Nous ne pouvions pas sortir ou voyager sans peur, alors nous passions la plupart du temps dans l’espace intérieur, seul garant d’une certaine sécurité.
La perte de ma très chère grand-mère paternelle a été la goutte qui a fait déborder le vase. Très sensible, je n’ai pas supporté cet évènement tragique.
Mais tout cela, je n’en ai jamais parlé, jusqu’à très récemment. Ma famille porte certainement encore plus traumatismes tus.
Personnellement j’en suis arrivée à un point où tout ce que j’ai vécu, la façon dont je l’ai vécu, est très lourd et m’affecte négativement dans ma vie quotidienne et dans mes relations humaines.
Mon immaturité affective : après la prise de conscience
La prise de conscience de mon immaturité affective, de mon immaturité émotionnelle et de mon anxiété abandonnique est déjà un très grand premier pas pour moi.
Il y a un certainement soulagement de découvrir que mon mal être a des origines, qu’il peut s’expliquer. Car s’il s’explique c’est qu’il peut guérir.
Je ne suis que tout au début du processus et le chemin vers la cicatrisation et la guérison me paraît long, très long. Peut-être même qu’on ne guérit jamais complètement.
Cela demande du courage de faire face aux événements douloureux du passé, d’oser en parler, les comprendre, les partager.
À chaque crise d’anxiété, à chaque crise d’angoisse, toutes les blessures se réouvrent, toutes les douleurs refont surface.
Ça fait mal. Je me demande si je vais vraiment m’en sortir ou bien continue à souffrir de la même toute ma vie.
Je ne veux plus faire mal aux personnes que j’aime le plus. Je ne veux plus me faire du mal à moi-même.
Mon immaturité affective a un lien direct avec des traumatismes ou des micro-traumatismes abandonniques.
Je suis immature émotionnellement mais je ne suis pas immature
Cela ne signifie pas que je suis immature. Une personne affectivement ou émotionnellement immature n’est pas totalement immature.
Il n’y a pas un manque de maturité mais plutôt un manque de maturité affective car les besoins vitaux n’ont pas été remplis dans l’enfance. L’enfant n’a pas reçu les soins, l’attention, l’amour, la sécurité dont iel a vitalement besoin.
Nous sommes peut-être même tous.tes un peu immatures affectivement. Il n’y a pas solution miracle à tout cela car les événements de la vie sont ce qu’ils sont.
En tant qu’adulte, je pense qu’introduire et réintroduire toutes les formes d’amour, de bien-être, de bienveillance, de positivité, de soin, de partage, d’attention, sont des moyens constructifs pour atténuer les douleurs du passé.
Les personnes qui souffrent d’immaturité affective ont besoin de tous ces remèdes pour retrouver leur joie de vivre, leur confiance en soi et en les autres, leur estime de soi et des autres.
C’est un travail long et difficile de développement personnel qui nous attend tous.tes.