Beaucoup d’entre nous ont des complexes sur leur apparence physique.
On ne se trouve pas beau. On se trouve même très moche.
On n’aime pas son nez ou bien ses pieds. On déteste ses fesses.
On aimerait avoir des plus gros seins ou des plus petits. On a vraiment du mal avec son apparence physique.
On aimerait avoir recours à la chirurgie esthétique si on avait l’argent.
On voudrait révolutionner sa garde-robe si le porte-monnaie le permettait.
On rêve d’avoir de grands yeux bleus au lieu d’avoir des petits yeux marrons.
On envie le style vestimentaire jugé comme étant tendance d’un tel ou d’une telle.
On meurt d’envie d’avoir la dernière coupe de cheveux à la mode et qui a été lancée par une grande star de cinéma de la chanson.
Bref, on envie toujours d’autres personnes soit-disant considérées comme belles et qui sont perçues comme des influenceurs et des influenceuses.
Toutes ces opinions négatives sur soi peuvent amener à se poser les questions : comment être beau et belle ?
Ou bien comment devenir beau et belle ?
Mais ces questions sont des raccourcis bien trop simplifiées car avant d’en arriver à se poser ces questions, pourquoi ne pas faire un saut en arrière, prendre le temps de déconstruire et se poser des questions bien plus substantielles concernant les phénomènes autour des questions de la beauté.
Qu’est-ce que c’est qu’être beau et belle ? Qu’est-ce que la beauté exactement ?
Qu’est-ce cela signifie vraiment ? Est-ce qu’une telle chose existe ?
Qu’est-ce qui fait précisément qu’on se trouve moche ou bien qu’on trouve quelqu’un d’autre moche ?
Comment fonctionnent les fameux codes de la beauté ?
Qui décide qu’un tel est beau gosse et qu’une telle est belle gosse, alors qu’un autre ferait bien de prendre rendez-vous le coiffeur-visagiste le plus hype et de se laisser faire une bonne coupe de cheveux à la mode ?
Les codes de la beauté masculine et féminine
Les codes de la beauté masculine et féminine ne sont pas figés.
Ils sont bien au contraire très changeants, mouvants, malléables, flexibles, temporels, temporaires, périodiques.
Ils ont un ou des contextes et changent d’une époque à l’autre ainsi que d’un lieu à l’autre.
Il y aurait donc à la fois des temporalités des codes de la beauté ainsi que des spatialité des codes de la beauté.
Cela signifie qu’être beau et belle en l’an 2020 n’a certainement rien à avoir avec le fait d’être beau et belle ou bien plus justement d’être considéré beau ou belle en l’an 1020.
De la même manière, les codes de la beauté sont probablement en grande partie géographiquement bien différents.
Un bel homme en Norvège n’est peut-être pas considéré comme beau au Yémen.
Un homme beau en Nouvelle-Zélande ne correspond pas forcément aux critères de beauté de l’Afrique de l’Ouest.
La période historique ainsi que la localisation géographique sont donc à prendre sérieusement en compte.
Par ailleurs, le fait que certains codes de beauté soient masculins ou féminins est aussi fortement à relativiser.
Il n’a d’ailleurs pas toujours existé de distinction entre des beautés masculines et des beautés féminines.
La mode unisex en dit en quelque chose, tout comme la façon dont les beautés sont revisitées par les mouvements queer.
Certains codes de beauté masculine étaient en fait originellement des codes de beauté féminine et inversement.
Dans les pays occidentaux et avant les années 1980, la couleur rose était par exemple considérée comme une couleur masculine.
Les codes ont changé avec les années 1980 et entre autres par le biais de la tendance de la musique disco, de la mode du fitness et des poupées Barbie.
Les femmes se sont vues attirer le rose, couleur qui a fortement été présent dans les publicités comme couleur exclusivement féminine. Campagne réussie !
En outre, alors que le rasage féminin n’était pas très répandu auparavant, les années 1980 ont également introduit cette tendance notamment par le biais de la représentation des femmes dans les films pornographiques.
C’est aussi à cette période que la musculation est devenue une des caractéristiques du beau mec qui sait prendre soin de lui et séduire les femmes.
La beauté est aussi un phénomène à forte connotation culturelle.
Alors que dans certaines cultures comme dans certaines cultures occidentales, le crayon de maquillage est réservé aux yeux des filles et des femmes, dans d’autres cultures comme dans certaines cultures orientales, les garçons et les hommes se mettent sans problème du khôl sur le contour des yeux.
Il n’existe donc pas de beauté absolue, invincible, intemporelle et universelle.
La beauté ne peut jamais être objective. C’est pour cela qu’il est bien plus juste de parler des beautés, au pluriel, et non de la beauté, au singulier.
Il n’y a ni beauté unique ni codes uniques de beauté.
Parce que les codes des beautés masculines, féminines et autres sont variés et variables à la fois sur une échelle culturelle et temporelle mais aussi sur une échelle spatiale, il paraît plus pertinent de se poser la question de son propre positionnement dans cette gigantesque subjectivité de la beauté.
Être beau et belle, une affaire intersectionnelle
Certes, le lieu et l’époque sont des paramètres à prendre compte dans l’analyse de ce qui distingue le beau du moche.
Cependant, synchroniquement, d’autres facteurs sont à inclure comme entre autres le sexe, le genre, l’âge, le poids, les origines ethniques, l’éducation, la classe sociale, le contexte politico-social, les groupes dominants.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, elle est au contraire tout à fait personnalisable et ajustable à chacun et à chacune.
Un exemple pour illustrer le rôle du groupe sociale dans la définition du beau ; porter le même t-shirt que le dernier rappeur à la mode peut faire de ceux qui le portent des beaux gosses ou des belles gosses dans certaines villes ou certains villages ou bien même dans certains quartiers.
Tout comme, le fait de porter ce même t-shirt paraîtrait être totalement dépassé et moche, et rendre la personne qui le porte moche ou du moins c’est comme cela qu’elle pourrait être considérée car ayant mauvais goût selon la grille établie par le groupe.
Un autre exemple pour illustrer le facteur de l’âge.
Si une personne âgée, spécifiquement une femme, porte une mini-jupe en cuir rouge, il est fort probable, dans une société comme la société français, que ce soit considéré comme vulgaire, inapproprié.
On dirait qu’elle est trop vieille pour s’habille comme cela. Ce n’est pas une tenue pour son âge.
Cette personne pourrait même se voir donner comme appellation celle de ” cougar “.
Alors qu’exactement le même vêtement qui serait porté par une jeune femme sera sans doute vu comme super sexy, trop mignon, ou encore carrément tendance.
Pour reprendre l’exemple de la mini-jupe, elle est malheureusement généralement perçue comme choquante lorsqu’elle est portée par une personne grosse alors qu’elle ne semble pas faire l’objet de telles considérations quand elle est portée par une personne mince.
Les critères de beauté semblent obéir à de fortes hiérarchies.
Il y a dans cette écologie toxique des catégories qui paraissent être préférables à atteindre au risque d’être moqué, insulté, harcelé, stigmatisé.
Il y a celui et celle qui décident de ce qui est beau et celui et celle qui suivent les critères décidés en amont. Mais il y a aussi celui et celle qui refusent de rentrer dans ce moule préfabriqué.
Dans chaque système hiérarchique de la beauté, il est important de déterminer qui impose quels critères de beauté et à qui.
Rendez-vous avec les faiseurs des critères de beauté
Souvent, la beauté est dictée par ceux qui dominent, quoi qu’ils dominent – le marché, l’économie, la rue, la politique, la famille, la science…
Pour exemple, une des conséquences de la colonisation a été que les peaux claires et les cheveux lisses sont devenus des critères de beauté qui se sont très largement diffusés.
Encore de nos jours en Inde, à l’aide de Photoshop ou d’autres logiciels de retouches photo, il est tout à fait possible de se faire éclaircir la peau sur ses photographies, afin d’apparaître plus clair de peau. Et hop, comme par magie !
Sur le marché, on trouve toutes sortes de produits qui proposent de se blanchir la peau ou bien encore de se lisser les cheveux bouclés ou crépus.
Ces produits chimiques sont paradoxalement bien trop souvent nocifs pour la santé, le bien-être et la beauté elle-même.
Dans l’écologie de la beauté, vouloir ressembler au dominant est une manière de rechercher la confiance en soi ou encore l’estime de soi. L’écologie de la beauté se nourrit d’elle-même par elle-même.
Vouloir ressembler au dominant ne fait qu’aider à perpétuer le système hiérarchique de la beauté.
L’écologie de la beauté du dominant ne fait que taire la force qui réside en chacun et chacune de nous.
En effet, il s’agit d’un cercle vicieux complètement manipulé, biaisé et totalement erroné car pour un développement personnel et réel qui permet d’accroître une vraie confiance en soi et de se reconnecter avec l’estime de soi, il est contre-productif voire dangereux d’essayer de se comparer ou de vouloir absolument ressembler au dominant.
Le processus de déconstruction pour trouver sa beauté
Les champs de la beauté masculine et féminine dictés par les dominants ne sont pas des champs obligatoires à suivre aveuglément. Il est envisageable d’en sortir.
Au lieu de se comparer à ses amis sur les réseaux sociaux qui postent pour la plupart du temps des photographies et des textes surfaits et travaillés, mieux vaut pratiquer le féminisme intersectionnel et pratiquer la déconstruction pour (ré)apprendre et (se) reconstruire.
La beauté, le bien-être et la bonne santé appartiennent à tous et à toutes.
Il n’y a pas de règles à suivre. Trouver sa beauté c’est positionner son identité dans la vaste carte de l’écologie de la beauté.
Qui suis-je donc ? Mais d’où est-ce je viens ?
Et qu’est-ce qui fait que je suis ce que je suis ou ce que je crois être que je suis ?
Qu’est-ce que j’aime vraiment ? Comment est-ce que je veux vivre ma vie ?
Et qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je ne veux pas ? Vers où est-ce que je veux me diriger ?
Quelles sont mes idées et mes opinions ? Quelle est ma philosophie ? Comment vois-je la vie ?
Suis-je en harmonie avec moi-même ? Comment trouver mon équilibre ?
Ces questions peuvent aider à faire le tri et à se débarrasser du superflu dans sa vie pour se reconnecter avec soi-même et exprimer sa beauté de la façon la plus harmonieuse possible.
Cependant, les injonctions sont très lourdes.
Il n’est pas évident de rejeter aussi simplement que cela tout ce qui a pu être assimilé comme un modèle et voire même le seule modèle présenté comme valable et ce, depuis le plus jeune âge.
La déconstruction n’est pas un tour de magie.
La déconstruction est un long combat opérable et en même temps un très beau chemin de conscientisation qui en vaut le détour.
La liberté de la beauté et la beauté de la liberté
Les plus belles des beautés sont sans aucun doute les beautés libres.
Comment jouir de sa propre beauté si elle est contrainte par des injonctions extérieures auxquelles on obéit avec l’automatisme le plus naïf ?
S’assurer que la forme ou les formes de beauté pratiquées sont en adéquation en soi, avec son histoire, ses goûts, son identité en somme, est quelque chose de primordial si on aspire la beauté libre.
L’identité est elle-même à la fois un concept et une réalité mobile et assujetti à la métamorphose.
Et c’est parce que l’identité est dans sa nature sans cesse évolutive, que la beauté l’est par conséquent tout autant.
La beauté réside en fait plus précisément dans la prise de conscience de la multiplicité de ses propres identités, dans la prise en compte totale de toutes ses identités et dans le refus de rejeter une ou plusieurs de ses identités.
La beauté est une pratique de la liberté.
Pourquoi ne pas en tirer avantage et aller jusqu’à même jouer avec et ainsi déployer ses meilleures cartes dans les situations adéquates ?
Choisir sa beauté en somme et par-là même devenir agent de sa vie au lieu de n’être que l’acteur qui se contente de jouer une pièce qui a été écrite par un autre.
Car la beauté est bien plus qu’une histoire d’apparence physique.
La beauté extérieure vs. la beauté intérieure
Peut-être avons-nous tendance à trop nous concentrer sur notre apparence physique.
L’image que l’on dégage est, pour beaucoup, très préoccupante.
Il suffit de constater le nombre de fois que l’on se regarde dans le miroir pour vérifier que l’on est présentable.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’il n’est pas possible de dissocier le corps et l’esprit.
Les deux fonctionnent ensemble.
L’état psychologique reflète l’état physique et l’état physique reflète l’état psychologique.
Il y a un lien étroit entre les deux : l’un influe inévitablement sur l’autre.
Si on a le moral à zéro, il est probable que cela se répercute sur le corps et donc sur l’apparence physique.
Inversement, si on est malade, cela retentit vraisemblablement sur le moral.
C’est la raison pour laquelle, il est très important de prendre soin de soi à tous les nouveaux.
Prendre soin de sa beauté, c’est prendre soin de son corps et de son esprit pour accroître son bien-être et sa bonne santé autant physique que psychologique.
Se concentrer sur l’essentiel pour atteindre son équilibre.
Prendre le temps de se chouchouter, bien dormir, de se faire plaisir, de se nourrir et de boire convenablement, de faire des activités physiques nourrissantes pour le corps et l’esprit, de chercher l’équilibre dans sa vie au quotidien, de se faire des soins en tout genre, d’accorder de l’importance à son style vestimentaire, à sa coupe de cheveux, prendre la décision de s’entourer de personnes positives qui vous soutiennent et vous tirent vers le haut…
Bref, traitez-vous bien et traitez bien les autres !
La pratique de la beauté est une pratique de la liberté pour une (re)construction de soi, de l’estime de soi et de la confiance en soi.
J’ai confiance en moi, donc je suis beau et belle
Le mot ” beau ” dérive du mot latin bellus qui veut dire élégant, gracieux.
Être beau et belle est donc plus qu’un état physique, c’est une attitude.
Cette attitude est le reflet de l’estime de soi et de la confiance en soi.
Chacun et chacune d’entre nous est doué d’une estime de soi mais certains et certaines d’entre nous ont l’impression de l’avoir perdue. Or elle est bien là !
Il suffit de la réapprivoiser en pratiquant l’amour de soi.
Chacun d’entre nous est amour mais les évènements de la vie nous le font parfois oublier.
La (re)connexion avec soi-même est alors importante.
Cultiver l’amour de soi et l’amour des autres est la meilleure manière de se (re)connecter avec les diverses formes que peuvent prendre la beauté et dans lesquelles la beauté prend réellement sens.
C’est en se (re)découvrant, que l’on devient beau et belle.
Pour ce qui est de la confiance en soi, qui elle aussi peut-être abattue ou détruite par les circonstances et les évènements de la vie, elle ne peut être cultivée que par un recentrage sur soi.
Retrouver la confiance en soi, souvent dormante, implique de plus d’éviter toute comparaison avec les autres.
Cela inclut la comparaison avec les codes de beauté, et notamment les codes de beauté des dominants.
Bien sûr, il est presque impossible de ne pas se comparer aux autres, mais l’idée est principalement de ne pas appliquer des codes inconsciemment ou automatiquement, simplement sans critique et et sans analyse intersectionnelle.
Dans le processus des retrouvailles de l’estime de soi et de la confiance en soi, le podcast Miroir Miroir est tout simplement époustouflant et met précisément le doigt sur les dictats de la beauté en posant les bonnes questions et en y répondant.
Je suis beau et belle donc je suis
Prendre conscience de la provenance des codes de la beauté, prendre soin de soi, cultiver l’amour de soi et des autres, retrouver l’estime de soi et la confiance en soi et en les autres.
Tout cela ne peut que mener à la diversité des beautés qui se trouvent chez chacun d’entre nous.
Le résultat est tout naturellement un dialogue cohérent et harmonieux entre vos beautés et vos identités.
Le secret se trouve alors dans la multiplicité de ces concepts qui sont aussi des réalités.
La beauté a besoin de liberté pour s’exprimer pleinement.
Par ailleurs, beauté et liberté se nourrissent et s’enrichissent mutuellement. Le tout est entre vos mains.
La beauté est de plus un partage puisque c’est avant un sentiment d’admiration esthétique suscité par un objet animé ou inanimé et qui est ressenti par d’autres.
Cette vision permet d’élargir et de relativiser la définition de la beauté car la beauté est tellement subjective qu’il est impossible de susciter l’admiration esthétique chez tout le monde sans exception.
Et c’est cela qui est en fait rassurant !
Les possibilités liées à la beauté sont aussi nombreuses que les êtres animés et inanimés présents dans l’univers.
Il n’y a pas de beauté universelle mais il y a des éléments universels dans la beauté comme l’amour de soi et des autres, la confiance en soi et en les autres, l’estime de soi et des autres, entre autres valeurs qui favorisent le bien-être et la bonne santé plutôt que le paraître dénué d’âme et d’authenticité.
Conclusion
Comment être beau ? Comment être belle ?
Pourquoi la coupe de cheveux à la mode en ce moment ne va pas à mon type de cheveux ?
Pourquoi je n’arrive pas à avoir un style vestimentaire qui étonne tout le monde ?
La réponse à ces questions sont que la beauté est à revisiter et c’est à chacun et à chacune de procéder à ce travail de conscience.
Les codes de la beauté sont bien trop souvent appliqués sans réflexion, ce qui est nuisible aux identités multiples des uns, des unes et des autres.
Grâce à l’analyse du féminisme intersectionnel, le chemin pour trouver ses identités et ses beautés est possible.
Être beau et être belle est le fruit d’un dialogue harmonieux entre son corps, son esprit et ceux des autres.