Il y a ce mec qui a déjà une vie de couple, il a déjà une relation amoureuse, c’est un jeune homme amoureux, il a l’air d’être heureux – peut-être ne l’est-il pas ? – dans sa vie privée, dans son histoire d’amour, qui semble être le grand amour exclusif !
Mais pourtant, il donne tous les signes du coup de foudre pour vous, il montre sans cesse des petites attentions pour vous, il vous lance des regards insistants par-ci par-là, vous avez passé un bon moment ensemble, une bonne soirée tous les deux, voire plusieurs bonnes soirées…
La première fois que vous vous êtes vus vous avez peut-être eu un coup de coeur l’un pour l’autre, que ce soit arrivé il y a 5ans, l’année dernière ou bien la semaine dernière.
Vous vous entendez bien, vous avez pas mal de points communs, peut-être avez-vous même développé une relation d’amitié avec beaucoup d’attraction physique l’un.e pour l’autre.
Il vous fait entrer dans un petit jeu de séduction dont vous faites malgré tout partie.
Voir aussi : Comment Déstabiliser Un Séducteur : 24 Façons De Le Battre À Son Jeu
Ou plutôt… vous avez tout à fait envie d’entrer dans ce quelque chose d’excitant qui vous fait sentir en vie. Et c’est normal !
Alors vous vous dites tout de même : ” Il est en couple mais me cherche ! Pourquoi est-ce que le cas, s’il a déjà une petite copine ? Pourquoi me drague-t-il sur les réseaux sociaux ? Il veut un plan cul, c’est ça ?
Il fait partie de ces mecs qui font des sales coups pareils derrière le dos de leur copine ? ”
Vous culpabilisez, vous vous moralisez, vous le moralisez, vous jugez que ce n’est pas bien, vous tranchez que c’est mal, ça ne se fait pas.
Le type est en couple, ce n’est pas bon de flirter comme ça avec lui. Mais vous vous trompez !
Dans ce genre de scenarii, il y a plusieurs à éléments implicites et phénomènes sociaux à observer.
Dans un premier temps, en quoi est-ce problématique qu’une personne déjà en couple s’intéresse à une autre personne ou qu’elle désire une autre personne ou bien encore qu’elle soit désirée ?
Chaque personne est unique, chaque relation entre deux personnes est unique.
Pourquoi s’interdire une relation avec une personne, quelle que soit la relation ?
Ce serait se couper de sa propre liberté et peut-être aussi de celle de l’autre ou des autres.
Puis, quel est le véritable enjeu dans un scénario pareil ? Pourquoi tant d’interdits ?
Pourquoi tant de sentiments négatif ? Pourquoi tant de tabous ? Pourquoi tant d’hypocrisie ?
Enfin, quelle serait la résolution idéale pour toutes et tous dans ce type de cas et afin de tenir compte du bien-être général ?
Pourquoi ne pas se recentrer sur l’idée de safe space pour redéfinir les paramètres des relations et respecter le bien-être de chacun.e ?
Ainsi les mots-clefs à explorer sont : exclusivité vs. inclusivité, safe space, bien-être et consentement.
Le problème de l’exclusivité souvent implicite dans la relation amoureuse ou dans la vie de couple
Dans certains cas – je dirais même dans la majorité des cas -, quand deux personnes ont le coup de foudre l’une pour l’autre, qu’elles tombent amoureuses l’une de l’autre après le premier rendez-vous, qu’elles passent du temps exclusivement entre deux et mettent tout naturellement en place une relation de couple exclusive, c’est là que certains soucis peuvent vraiment se créer.
Et ce sont des soucis graves bien qu’ils paraissent tout à fait banals mais ils sont en fait malheureusement banalisés, pris comme tels, sans remise en question la plupart du temps.
Car présupposer qu’être en relation amoureuse avec une personne et que cette relation doit être automatiquement exclusive – c’est-à-dire qu’elle devrait exclure toute autre relation amoureuse avec d’autres – constitue une véritable limite de la relation elle-même et de la liberté de chacun et de chacune des partenaires impliqué.e.s dans la relation.
En effet, cela ne va pas de soi de fermer automatiquement une relation amoureuse sous prétexte que c’est conventionnellement ce qui se fait ailleurs, sans même en parler, en discuter, sans même se préoccuper des besoins de l’un.e et de l’autre, des libertés de l’un.e et de l’autre.
Mettre en place une relation d’exclusivité, de façon implicite, sans même en débattre ou réfléchir dessus, peut, par ailleurs, nourrir des émotions, des sentiments, des sensations très (très) négatives et nocives comme par exemple, entre autres, la jalousie et la possessivité.
Ces sentiments ne sont en aucun cas ni constructifs ni bénéfique pour absolument aucun type de relations (humaines).
Bien au contraire, ils sont carrément destructifs, et de manière très insidieuse.
Le véritable enjeu ici est un grand changement de perspectives, un chamboulement des points de vue et une ouverture vers la possibilité d’un développement de soi et d’une richesse amoureuse polyforme, de relations multiformes dénuées de domination et de toxicité.
De l’exclusivité amoureuse à l’inclusivité amoureuse : de quoi s’agit-il exactement ?
Il ne s’agit pas d’opposer exclusivité et inclusivité dans les relations amoureuses.
Il s’agit plutôt de déconstruire ce qui parfois considéré comme une évidence, comme LA façon de mener une relation amoureuse.
Il est très réducteur et illusoire de penser que dans nos vies, il y a des types de relations bien définis : la relation amoureuse, la relation amicale, la relation professionnelle etc. La réalité est bien plus complexe car il s’agit avant tout de relations humaines.
Et chaque relation (humaine) est unique et elle ne peut être simplement réduite à des qualificatifs verbaux.
Toute relation devrait en fait être inclusive. Pourquoi devrait-elle se limiter et priver les personnes impliquées d’expériences plus vastes, plus riches, plus nourrissantes, plus profondes ?
La jalousie et la possessivité peuvent être dans une certaine mesure compris, parce que beaucoup d’entre nous sont éduqués à être jaloux et possessifs. C’est un apprentissage qu’il est tout à fait possible de désapprendre.
Certes, ce n’est pas une mince affaire car il est en fait question de l’égo.
Bien trop souvent, on apprend à nourrir son égo de jalousie et de possessivité.
Par ailleurs, la jalousie et la possessivité installent des schémas hiérarchiques de domination dans la vie amoureuse, ce qui est fortement propice à la toxicité.
Le premier pas consiste à s’ouvrir, à ouvrir son coeur. Cela demande un véritable changement de perspective.
Ne prenez plus tout bonnement pour acquis ce qui vous a été inculqué !
Détachez-vous-en ! Cela en vaut la peine. Ce qui vous attend est bien plus beau !
L’inclusivité amoureuse pour le bien-être de tous.tes !
S’ouvrir aux problématiques de jalousie et de possessivité c’est enfin mieux ouvrir son coeur à la prise en compte sincère du bien-être des personnes impliquées dans les relations.
Le bien-être de tous.tes : n’est-ce pas finalement cela qui est le plus important et qui compte le plus dans les relations (humaines) ?
Le processus pour véritablement créer le safe space nécessaire au bien-être de tous.tes peut-te long et ardu mais il vaut le coup d’être expérimenté.
Les concepts-clefs à explorer seraient donc ceux du safe space, du bien-être et de l’inclusivité.
L’objectif est d’ouvrir la discussion sur la toxicité de l’exclusivité qui peut facilement entraîner la jalousie, la possessivité, l’hypocrisie, le mensonge, la trahison, la tricherie, la tromperie, la cachotterie…
En effet, si la trahison existe c’est qu’il y a une hypocrisie selon laquelle un couple amoureux est censé être exclusif. Or ce modèle ne convient pas à tous.tes.
Et surtout, c’est un modèle originellement patriarcal et élitiste qui n’a rien à voir avec l’amour mais qui a pourtant définis nos sociétés et nos intimités.
Si les choses étaient honnêtement et sincèrement dites ouvertement, il n’y aurait ni mensonge ni tromperie.
Il resterait peut-être la jalousie et la possessivité qui se guérissent par le partage, la parole et l’écoute.
Le tout, dans un espace consentant, condition nécessaire au safe space.
Jetons maintenant un petit coup d’oeil sur les productions artistiques en lien avec le thème du polyamour/polylove.
Poésie et podcast sur le polyamour/polylove
Pour s’inspirer voici un poème de Poète Polylover que vous pouvez lire sur Instagram à l’adresse. À lire, sans modération !
POLYLOVE 5
Être deux
Être doux
Un deux trois
Être trois
À l’étroit
Un d’ces quatre
Être plus
Plus de mains
Même seul
Être plein
Être belle
Et bien
Humains
Voici un deuxième poème que j’ai sélectionné pour vous le partage.
Il s’agit d’un poème écrit par Q en décembre 2013 et publié sur le site Hello Poety à l’adresse.
Le poème est originellement en anglais et vous pourrez en lire ci-dessous une traduction libre de l’anglais vers le français.
Polyamorous
” Fille gourmande “, chuchotent-iels.
Car deux, ce n’était pas assez.
Je ne suis pas entière, avec seulement âme en plus
J’ai besoin de deux pour pouvoir donner ma confiance.
Mon adorable trio à moi
Je ne pouvais espérer plus
Et iels me traitent de tordue, ” L’amour c’est à deux, pas à trois ! “
Iels murmurent que je suis une ****.
Je ne suis pas jalouse ni indécise
Ce n’est ni de la triche ni de l’abus
Juste parce que vous ne l’avez jamais eu ne signifie pas que trois n’est pas mieux
pour celui.lle qui n’est pas désorienté.e.
” Peut-être n’est-ce qu’une phase “,
” Une personne qui a toute sa tête n’en voudrait
trois ou quatre, qui a besoin de plus que deux ? “
Iels pensent tous.tes comme ça.
Mais je suis polyamoureuse
Mes partenaires sont au pluriel
Et on s’aime de façon égale, aucune importance qu’on soit trois
Notre relation n’est contraire à aucune éthique, à aucune morale.
Alors jugez comme vous le souhaitez
Jugez comme cela vous plaît
Je suis fière de mon **** et des mes sexualités
Et ce sera le polyamour pour moi.
Une autre recommandation : le magnifique podcast Amours Plurielles de Lauren Mary, que vous pouvez écouter à l’adresse. À écouter, sans modération !
Conclusion
” Il est en couple mais me cherche. ”
La pensée qui se cache derrière cette phrase est que lorsqu’une personne est en couple, qu’elle vit en couple, qu’elle est engagée dans une relation amoureuse, alors il est impossible ou bien plutôt c’est considéré comme ” mal ” qu’elle soit attirée par d’autres personnes.
Mais si toutes les personnes impliquées sont consentantes, pourquoi cela serait-il immoral ?
Si j’aime mon partenaire, que mon partenaire m’aime et qu’iel attiré.e par une autre personne qui est aussi attirée par lui ou elle et que tout est dit, tout est partagé, rien ne se fait en cachette, alors pourquoi pas !