Des données d’audience montrent que le besoin d’amour est un besoin vital qui concerne absolument tous les êtres humains et même tous les êtres sentients.
Si quelqu’un.e vous dit qu’iel n’a pas besoin d’amour, il se peut qu’il s’agisse d’une personne aromantique. Mais, si une personne vous dit que les gens qui disent avoir besoin d’amour sont faibles, et bien cette personne est malheureuse, car elle nie son humanité et croit pouvoir savoir ce qu’est le bien-être alors même qu’elle manque d’amour et refuse le partage de l’amour.
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L’universalité de l’amour : entre vie privée et politique
L’amour est quelque chose d’universel. C’est la base de tout. Sans exception. L’amour est ce qui construit la confiance en soi et en les autres, l’estime de soi et des autres, l’amour de soi et des autres, le bien-être, les relations amoureuses et les relations en général.
Très souvent, quand il y a manque d’amour il y a manque de confiance en soi et en les autres.
L’amour n’est par ailleurs pas seulement une question de vie privée. Elle ne se cantonne pas uniquement au domaine du privé et de l’intime. L’amour est politique.
Nos besoins de trouver l’amour de sa vie sont grands. Tout d’abord l’amour pour soi qui se développe dès la formation du foetus.
Puis l’amour pour les autres qui commence avec le don de la vie à qui chacun.e peut dire un grand merci.
Quand l’amour de soi et l’amour des autres se rencontrent, c’est la symbiose de la dualité qui se crée.
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La dualité de l’amour, une caractéristique humaine
Tous les êtres sentients, humains et non humains ont des besoins d’amour. Les êtres non humains vivent facilement l’amour de soi et tous connaissent l’amour de l’autre mais à des degrés très différents.
La particularité de l’être humain, me semble-t-il, est qu’il a vilement besoin non seulement d’amour de soi mais aussi et et bien plus d’amour des autres. L’être humain est un être sentiment profondément social.
Les sociétés actuelles semblent contradictoirement beaucoup trop individualistes, beaucoup trop isolationnistes de l’individu, pas assez solidaires.
Les liens entre les personnes ont l’air de s’effriter. Les villes brisent les liens. Chacun.e dans son coin.
Il devient difficile de se faire des ami.e.s, de trouver un.e compagnon.ne de vie, de fonder une famille – si on le veut -, de se projeter pour un avenir de l’humanité repérable par une adresse ip, localisable par des données de géolocalisation précises, branchée sur les réseaux sociaux et décrochant des rendez-vous sur Tinder.
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L’amour de soi vs. l’amour des autres
L’amour de soi est beau. Personnellement, je ne sais pas si je m’aime. Je crois avoir encore beaucoup de difficultés avec moi-même et c’est pour cela que je consulte une psychologue.
J’ai été trop longtemps déconnectée de moi-même. J’ai trop longtemps souffert de ne pas avoir reçu la quantité et la qualité d’amour, d’affection et d’attention dont j’ai eu besoin étant petite et adolescente dans la cercle familial.
Cette expérience peut facilement me faire tomber, à l’âge adulte, dans la dépendance affective.
Quand l’amour de soi n’est pas nourrie, il est très difficile de construire quoi que ce soit avec les autres et encore moins de l’amour.
Ça peut même faire mal de se retrouver dans une situation dans laquelle on aime plus une autre personne que soi-même – hormis dans le cas d’une relation adulte-enfant.
Quand l’amour de soi est bancal, l’amour des autres l’est aussi. Ma vie sociale et ma relation aux autres est un véritable système de tri sélectif.
Soit je donne tout, soit je ne donne rien. Soit j’aime, soit je n’aime pas. Soit j’ai un crush, soit je n’en ai pas. C’est tout ou rien. Les extrêmes.
Je donne toute ma confiance ou je ne donne rien. C’est une manière de vivre très risquée et très déséquilibrée et qui peut très vite mener à la solitude ou en tout au sentiment de solitude.
Mes relations aux autres sont une sorte de puzzle dont les morceaux ne se retrouvent pas.
J’ai des ami.e.s, par-ci, par-là, mais il manque la colle pour les rassembler, pour qu’on se rassemble, ou bien pour que je me joigne à un groupe, une tribu, une bande.
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Mon rêve de l’amour des autres
Au fond de moi, je rêve d’avoir mon petit groupe d’ami.e.s. Nous serions tous.tes très proches les un.e.s des autres. Nous serions tous.tes les un.e.s là pour les autres.
Il n’y aurait pas d’hypocrisie. Que de l’amour. Nous sortirions ensemble. Nous voyagerions ensemble. Nous habiterions ensemble ou bien très proches les un.e.s des autres.
Nous nous disputerions mais ça nous enrichirait et on apprendrait beaucoup les un.e.s des autres et les un.e.s aux autres.
Nous serions uni.e.s. Nous nous aimerions et nous voudrions du bien les autres pour les autres. Nous aurions un tas de projets les un.e.s avec les autres.
Je crois qu’en chaque introverti.e, il y a quelque part ce genre de rêve du groupe au sein duquel on se sent bien, en confiance.
En grandissant, j’ai compris que je ne pouvais pas tout faire toute seule. J’ai compris que j’avais besoin des autres. Heureusement ou malheureusement.
Le collectivité c’est un peu la pierre fondatrice qui manque cruellement dans ma vie. J’ai toujours cru pouvoir me débrouiller seule, sans personne, faire ma petite vie et m’épanouir toute seule.
Mais je vois que mon bonheur est aussi lié à celui des autres.
Aujourd’hui, j’ai besoin de lier des liens solides avec les autres. Pour mon propre bien-être, je ne dois plus m’isoler ni me mentir, pensant que c’est bien pour moi de rester tranquille, dans mon coin avec le moins de contact possible avec les autres.
Je veux abolir cette peur. M’apprivoiser. Je veux aimer librement sans blocage. Je veux avoir confiance en moi et en les autres.
Je veux pouvoir me concentrer sur l’essentiel des relations humaines pour ne plus craindre l’autre.
Je veux que mes souvenirs d’enfance ne soient plus que des souvenirs lointains sans répercussion négative, que mon cerveau rationalise mon vécu et s’adapte à mon présent à mes nouvelles aspirations.
Je veux juste pouvoir aimer et qu’on m’aime sans douleur. Avec respect, générosité, compassion, amitié, tendresse, consentement.
Qu’on me prenne comme je suis. Je veux être capable de créer mon propre safe space dans toutes le situations interactionnelles et sociales.
Le pouvoir de l’érotique selon Audre Lorde
Il me semble que le besoin d’amour que tous les êtres sentients ressentent peut être résolu par la culture du pouvoir érotique de chacun.e d’entre nous.
Pour l’actrice féministe noire Audre Lorde (1934-1992), dans son essai The Uses of Erotic, The Erotic as Power (1978) ” Les usages de l’érotique, l’érotique comme pouvoir “, le désir est une force créative pour un changement révolutionnaire.
Le désir féminin en particulier est trop souvent non exprimé et non reconnu alors même qu’il est l’énergie propice au changement.
L’érotique est une source de pouvoir et d’information qui a été retirée aux femmes. Pourtant la superficialité érotique a été gardée pour inférioriser les femmes.
Il est faux de penser que la suppression total que l’érotique dans la vie des femmes peut les rendre fortes. C’est une force illusoire car elle rentre dans un système de modèles de pouvoir masculins.
L’érotique, ce n’est pas du pornographique comme cela peut être pensé. L’érotique c’est le contraire du pornographique.
La pornographie c’est l’érotique sans âme, c’est les sensations sans les sentiments. L’érotique quant à elle, c’est quelque part entre le sens de soi et le chaos de nos plus forts sentiments.
L’érotique est un sens interne de satisfaction. L’érotique, ce n’est pas ce que l’on fait mais comment on le fait et comment on se sent quand on le fait.
En ressentant cette plénitude dans l’érotique, on peut alors commencer à la transposer aux autres domaines de la vie et tout faire pour l’atteindre. Le lit peut alors devenir un lieu d’empouvoirement.
On apprend aux femmes à séparer le sexe des autres domaine de leur vie, comme si l’érotique ne pouvait que se déployer dans le sexe.
Tout cela, parce que une femme empouvoirée est perçue comme dangereuse.Faites-vous partie de ces femmes qui n’aiment pas par exemple leur travail ?
Ou qui n’aiment pas ce qu’elles font ? Mais qui continuent de répéter – comme ma mère le fait – que dans la vie on ne peut pas tout aimer, qu’il y a des choses auxquelles on doit se forcer…
Le système capitaliste, qui définit le bien en termes de profits et non en termes de besoin humains, retire la valeur érotique du travail ainsi que son pouvoir érotique, son charme et sa plénitude.
Pour Audre Lorde, c’est comme aveugler un.e peintre et lui demander d’améliorer son travail et de s’y épanouir. C’est non seulement impossible mais profondément cruel.
En tant que femmes, il est nécessaire de redonner à tous les aspects de la vie leur qualité.
Le mot érotique vient du grec éros qui fait référence à la personnification de l’amour dans tous ses aspects.
Audre Lorde utilise le mot érotique en tant qu’assertion de force de vie des femmes, d’énergie créative empouvoirante, que connaissance et utilisation dans notre langage, notre histoire, notre danse, notre amour, notre travail, nos vies.
Tout comme on a tenté de rendre le pornographique synonyme de l’érotique, on séparer souvent le spirituel (psychique et émotionnel) du politique.
De la même manière, on tente de séparer l’érotique du spirituel. Le spirituel devient dénué de sexualité. Or tout cela est inséparable. Et peut-être que justement nos rêves érotiques nous le rappellent.
L’érotique est la nourrice de nos connaissances les plus profondes. L’une des fonctions les plus importantes de l’érotique, c’est le partage avec une autre personne.
Le partage de la joie sous toutes ses formes qui réduit les différences entre les personnes. On peut aussi partager avec soi-même en se connectant profondément avec soi-même.
Chacun.e a une capacité profonde de joie qui n’a rien à voir avec les institutions en place comme le mariage ou l’Église.
L’érotique peut devenir cette loupe à travers laquelle tous les aspects de notre vie peuvent être vécus. L’érotique est le noyau interne de chacun.e.
Quand on vit hors de nos orientations érotiques internes, nous sommes limitées par l’extérieur qui ne se base pas sur des besoins humains, encore moins sur des besoins individuels.
Quand on est en contact avec l’érotique, on devient moins capable d’accepter d’être dénuée de pouvoir.
Il faut en outre distinguer entre le partage du pouvoir des sentiments des un.e.s et des autres et l’utilisation (sans consentement) des sentiments des un.e.s et des autres.
Dans nos sociétés anti-érotiques, l’érotique doit reprendre sa place pour l’opération d’un changement créatif.
L’érotique dans ma vie
Après lecture d’Audre Lorde, je me rends compte que l’érotique a finalement toujours eu très peu de place dans ma vie et c’est peut-être là une cause de mon malheur.
Je n’en étais pas consciente, évidemment, mais mon corps et mon esprit, quant à eux en étaient bien conscients et ils l’ont toujours manifesté.
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours inconsciemment recherché le partage avec les personnes qui m’entouraient.
Souvent, j’ai l’impression que ce partage n’a pas opéré de la manière dont j’espérais, inconsciemment.
En grandissant, à force de déceptions, je me suis résignée, j’ai lâché prise, j’ai été anorexique, j’ai risqué la dépression.
Dans le cas des rêves érotiques, pas besoin de dictionnaire des rêves.
Il semble clair, à la lumière de la féministe noire lesbienne Audre Lorde, que notre érotique, surtout celle des femmes, est tellement réprimée que parfois, le seul endroit où elle arrive à s’exprimer, c’est le sommeil profond et le rêve nocturne ou diurne.
Tout d’abord, ma sexualité a toujours été réprimée. Dans mon cercle familial, on n’en parle pas. C’est tabou.
J’ai commencé à me connecter très tardivement avec ma sexualité. Le changement est lent.
J’ai été trop longtemps déconnectée de moi-même et trop dirigée par des éléments extérieures à moi qui n’ont fait que m’asservir physiquement, mentalement et spirituellement.
C’est très douloureux de s’en rendre compte à l’âge de 28 ans. Il n’est heureusement jamais trop tard et je crois que ma révolution est bel et bien en route.
J’ai eu la chance d’avoir une sorte d’ange gardien à mes côtés – j’aime l’appeler ainsi -, des réactions corporelles et psychiques qui tirent constamment la sonnette d’alarme pour moi.
Je ressens à l’intérieur de moi un système érotique très fort, lui seul capable de m’ouvrir les yeux sur la beauté de la vie.
Il est souvent contraire aux injonctions sociales que j’ai le devoir de transcender pour vivre ma vie telle que je dois la vivre.
Dans le domaine des études et du travail, je n’ai souvent pas pu faire autrement que suivre mon instinct le plus profond et véritablement faire des choix en accord avec moi-même, en harmonie avec mon ressenti et mes envies internes.
Je crois qu’on peut dire que dans ce domaine-là de ma vie, l’érotique a en quelque sorte pris le dessus sur le reste.
En effet, je n’ai jamais pu m’obliger à étudier un domaine sous prétexte que j’aurai un poste à la clé.
Et même si j’aurais essayé de me forcer – comme cela m’est déjà arrivé de le faire – je n’aurais pas pu : mon corps et mon esprit réagissent très violemment.
Remettons l’érotique au centre de nos vies et de la notion d’amour !