
La perte d’un être cher est douloureuse et chaque perte est unique car chaque personne ainsi que chaque relation est unique.
C’est la raison pour laquelle personne ne peut, à votre place, rédiger un texte pour une personne décédée qui vous manque.
Pas besoin d’être un Victor Hugo pour rédiger un message de condoléances, écrire de belles citations, formuler une citation de deuil, produire de beaux textes pour faire son deuil ou envoyer une carte de condoléances, une lettre de condoléances contenant de beaux messages.
Pas besoin d’être un Victor Hugo pour pouvoir écrire un beau texte, une citation d’amour, une lettre de condoléances à la personne disparue qui vous manque.
L’expérience de la perte d’un être cher est très personnelle et complexe et c’est à chacun et à chacune de faire l’expérience de l’écriture pour apaiser sa peine, sa douleur et faire la paix avec le monde de là-haut.
Dans le processus de deuil, l’écriture peut être très bénéfique et contribuer au bien-être de celle ou celui qui a perdu l’être cher.
Il n’existe pas de modèle de texte, de lettre ou de récit de deuil. Tout mot qui vient du coeur a sa propre beauté et sa propre profondeur.
Ce n’est pas à Google de définir un modèle de texte de deuil à votre place. Osez écrire !
Faites-vous confiance, laissez votre main vous guider pour écrire les mots qui vous guériront car ils seront plein d’amour et d’un amour qui est capable de tout traverser.
C’est un exercice qui fait du bien. En écrivant, on peut même découvrir des sentiments et des émotions inexplorés.
On peut par ailleurs comprendre les choses plus en profondeur et se mettre à faire attention à des détails jusque-là ignorés ou passés inaperçus.
Si l’écriture, ce n’est pas votre tasse de thé, vous pouvez aussi enregistrer votre voix, ce qui laissera une belle trace audio de vos sentiments et émotions que vous procurent la perte d’un être cher.
Je fais moi-même dans ce qui suit l’exercice d’écriture et le partage avec vous avec une lettre suivie d’une poème que je souhaite envoyer à ma grand-mère qui est décédée il y a un peu plus de vingt ans maintenant
En espérant que vous soyez touché.e par la lettre et par le poème et qu’ils vous inspirent de belles choses et vous invitent à vous exprimer pour faire votre deuil.
Lettre à ma très chère grand-mère, de la part de ta petite-fille qui t’aime
Très chère grand-mère,
Je t’écris cette lettre alors que tu es décédée il y a maintenant de cela un peu plus de vingt ans. J’étais encore une petite fille lorsque tu es partie. Tu m’as quittée et ton départ a été très douloureux. J’étais encore très jeune, mais ta disparition a été un véritable choc.
C’était une perte insupportable pour moi. Tu es partie sans prévenir. Tu m’as quittée soudainement. Tu étais pourtant encore jeune. La vie a néanmoins planifié les choses ainsi. L’acceptation de ta disparition a été difficile.
Je me souviens t’avoir pleurée pendant des jours et des nuits. Je n’arrêtais pas de te pleurer car j’avais mal. Ta perte me faisait tout simplement l’effet d’un couteau planté dans mon coeur.
J’avais une relation fusionnelle avec toi. Ma relation avec toi était pure et belle. Il me semblait que tout était facile avec toi. Je n’avais même pas besoin de parler pour que tu me comprennes. Tu aimais. Tu étais un amour. Tu étais amour. Ton amour était si grand. Tu le donnais à tout le monde.
Tu partageais tout.
Tu avais tellement à offrir. Tu étais belle et forte. Tu étais celle qui donnait du sens à ma vie. Tu avais la capacité de me rassurer. Tu étais celle qui était attentive envers moi, envers mon extrême sensibilité. Tu étais celle qui comprenait ma sensibilité.
Tu étais une personne douce et compréhensive. À ton décès, j’avais tout de suite compris que ma vie allait prendre un nouveau tournant. Et effectivement, c’est ce qui s’est produit.
Tu étais celle qui me rattachait au pays. Tu étais mon seul lien fort avec le pays. Tu étais les odeurs, les goûts, les sensations du pays. Tu étais ma petite maman. Tu étais celle qui m’accueillait dans la cuisine, dans le calme du matin. Tu étais celle qui me parlait avec un ton différent.
Tu étais celle avec qui je sortais rarement sous la douce pluie d’automne. Ton coeur est immense. Tu étais ma meilleure amie. Tu aimais tes petits-enfants comme personne.
Je suis reconnaissance du court moment de vie que nous avons pu partager ensemble. Ces moments sont gravés dans ma mémoire et je les porte dans mon coeur à chaque instant.
Ta perte est une perte pour moi et pour toutes les personnes qui t’aiment et que tu aimes. Je sais que le soleil continue de faire briller la tombe blanche dans laquelle ton corps repose en paix.
Ta gentillesse infinie me manque, tes cheveux rougis au henné me manquent, ta positivité me manque, ton sourire me manque, ta beauté nord-africaine me manque, tes mots me manquent, la façon dont tu me défendais me manque.
Tu me manques dans ton entièreté. Et comment ne le pourrais-tu pas. Je t’ai toujours admirée. Il n’y en a pas deux comme toi.
Reste à mes côtés. Sois ma compagne où que j’aille. Penser à toi me donne de la force et du courage.
Je ne sais pas ce que tu aurais pensé de moi, de ce que je suis devenue, de mon parcours, de mes expériences, de mes rêves, de mes réalisations, de mes ambitions, de mes principes, de mes idéologies, de mes combats.
Ce qui est sûr c’est que tu aurais toujours eu un poids décisif dans mes choix. Sans toi, je suis un peu sans repères. Je suis loin du pays. Tu étais mes racines. J’ai vécu des années de vie saines avec toi. Les premières années de ma vie. Tu as participé à mon équilibre.
J’ai eu la chance de te connaître et de passer du temps avec toi. Il n’y a pas beaucoup de gens avec lesquels je me suis sentie en sécurité dans ma vie et tu fais partie de ces rares personnes.
Tu étais ma maison, mon cocon, ma couveuse. Tu avais une intelligence du coeur. Une intelligence authentique et sincère.
Tu me faisais rire. Tu me consolais quand je ne me sentais pas bien. Tu comprenais mes phobies.
Ton départ a signé le début de mon éloignement avec le pays, l’oubli de ma langue maternelle et de mes racines.
Ton décès a annoncé mon déracinement.
Je ne sais pas si tu aurais approuvé mes choix de vie mais je sais que tu m’aurais soutenue quoi qu’il en soit. Je sais que tu m’aurais encouragée, que tu m’aurais poussée à oser être heureuse car je suis une partie de toi.
Plus je vieillis et plus je me dis qu’il y a une raison pour laquelle tu es partie aussi jeune alors que je n’étais moi-même qu’une enfant.
Cette raison, je ne la connais pas encore. Mais ta perte m’a fait comprendre à quel point la vie est courte. Elle est très courte. Nous sommes en vie, dans cette réalité, pour très peu de temps. Nous avons un temps limité pour aimer, pour vivre nos rêves pour être heureux.ses.
J’ai compris qu’il fallait aimer la vie, aimer tout court, se battre pour ce qui est important pour soi, croire en ses rêves et tout faire pour les réaliser. Vivre sa vie avec honnêteté et sincérité malgré toutes les difficultés qu’on peut rencontrer.
La déchirure de ta perte est en moi pour toujours. Je porterai toujours de la mélancolie en moi. Ta séparation de moi a été fondatrice. Tu es celle qui me fait aimer la vie.
Tu es un trésor de beautés indescriptibles.
Je suis fière de toi. Je suis fière de tu as été ma grand-mère. Je suis fière d’avoir été ta petite-fille.
Je t’aime infiniment, Nenna d’Amour.
Poème en mémoire de ma grand-mère
Plus le temps passe
Plus j’ai mal
La douleur ne passe pas
Elle grandit
Et je suis loin
Et je suis ici
Sans force
Sans pouvoir
La vérité c’est que je suis perdue
Mon premier repère m’a été retiré à l’âge de 7 ans
Nenna est morte
Elle était mon Algérie
Elle était mon Amour
Elle m’aimait
Il a fallu faire sans
Et toi tu as fui
Tu nous as emporté avec toi
J’avais neuf ans et je ne comprenais pas
Je veux aujourd’hui me reconstruire
Mais j’ai l’impression de me détruire
De ne plus avoir d’espoir
Je ne fais plus confiance en personne
Même plus en moi-même