Qu’est-ce qu’être aromantique ? Qu’est-ce que l’aromantisme ?
S’il y a aromantisme, c’est qu’il y a romantisme. On opposerait donc un amour aromantique à un amour romantique. Il y aurait une relation aromantique opposée à la relation romantique. Un coeur aromantique opposé à un coeur d’artichaud.
S’agit-il d’un type de relation de couple ? D’une intimité amoureuse ? D’une vision de la vie de couple ? D’une façon de vivre sa vie sexuelle ?
De quoi est-il question exactement ? D’attirance romantique ? D’attirance aromantique ? De sentiments amoureux ?
D’asexualité ? De désir sexuel ? D’attirance sexuelle ?
Quelle est la différence entre une personne non-binaire, un asexuel, un aromantique et un alloromantique ?
Les aromantiques font-iels partie de la communauté LGBT ? Comment se définit la communauté aromantique ?
Cet humble article a pour tentative de lancer des réflexions sur l’aromantisme, dans le but de mieux le saisir et de s’ouvrir à ses pratiques.
L’aromantisme est avant tout une pratique des relations humaines
Les personnes aromantiques sont qualifiées comme telles car elles ne vivent pas leurs histoires d’amour de la même manière que la norme romantique le définit.
Cela ne veut pas dire que les aromantiques n’aiment pas ou ne savent pas aimer. Iels aiment d’une autre façon.
D’une façon différente, qui n’entre pas dans les codes de l’amour romantique dominant et mainstream.
Un.e aromantique aime et tombe amoureux.se mais iel n’a pas forcément le besoin de vivre l’histoire d’amour de façon passionnelle.
Pas de place donc pour les sentiments romantiques ni le coup de foudre comme dans les relations romantiques.
La relation amoureuse vécue par un.e aromantique est avant tout une relation humaine.
Les aromantiques peuvent aimer, peuvent avoir une attirance sexuelle comme ne pas en avoir.
L’aromantisme est une sorte d’orientation romantique. Autrement dit, une manière de vivre les relations amoureuses.
Mais l’aromantisme est bien plus qu’une manière de vivre les relations amoureuses, c’est une manière de vivre les relations humaines.
Car aimer chez une personne aromantique peut se faire avec ou sans attirance physique, avec ou sans câlins ou autre contact physique.
Vivre une relation amoureuse aromantique est quelque chose d’unique pouvant parfois se rapprocher d’une relation amicale forte.
L’aromantisme est pluriel
Comme déjà vaguement sous entendu précédemment, une personne aromantique est une personne qui peut être hétérosexuelle, bisexuelle, homosexuelle, transsexuelle, asexuelle (liste non exhaustive)…
Elle peut être binaire, cisgenre, agenre, transgenre, non-binaire (liste non exhaustive)…
Les personnes aromantiques peuvent être par ailleurs nonamoureuses, polyamoureuses, monoamoureuses.
De plus, l’aromantique peut être autosexuel comme allosexuel, et l’un n’exclut pas l’autre.
Il n’existe pas un seul de type de personne aromantique définie avec des caractéristiques bien catégorisées et répertoriées.
L’aromantisme n’est donc pas une catégorie d’orientation sexuelle mais plutôt une orientation relationnelle très marquée par une liberté hors des normes romantiques et passionnelles qui régissent l’idée que l’on se fait communément des relations amoureuses.
L’aromantisme est une orientation relationnelle
L’antonyme de l’aromantisme est l’alloromantisme ou le zedromantisme.
L’alloromantisme (ou le zedromantisme) étant défini comme étant la manière dites classique de vivre les relations amoureuses.
L’aromantisme est donc considéré comme une manière atypique de vivre les relations amoureuses.
Les personnes aromantiques ont une sorte de rejet naturel pour le romantisme passionné, les passions romantiques.
Alors que les alloromantiques vivent des crush, les aromantiques vivent des squish.
Crush romantique vs. squish platonique
D’après AVEN Wiki (traduction libre de l’anglais vers le français), un crush, appelé aussi limerence ou encore amour infatué/entiché, est un désir émotionnel pour une relation romantique, désir causé par le fait d’être romantiquement attiré.e par quelqu’un.e.
C’est un désir qui est potentiellement temporaire dans sa nature-même et avec lequel il est rarement possible d’agir harmonieusement.
Avec un crush, il y a souvent un désir exagéré que les sentiments soient réciproques.
Il y a plusieurs éléments dans les crush qui font qu’ils sont difficiles à vivre pleinement tout en étant en harmonie avec soi-même.
La peur du rejet est l’élément le plus important qui, souvent, empêche les personnes qui ont des crush d’agir en conséquence.
Les émotions et les désirs ressentis par une personne qui a un crush sont si puissants qu’il y a une peur immense et rationnelle qui peut endommager une relation déjà existante.
De plus, cette peur empêche souvent la personne d’agir. D’un autre côté, il y a aussi de l’espoir. Le désir secret qui ne nécessite aucune action et le crush permettent de faire le premier pas.
Les moindres gestes peuvent se transformer en espoirs et fantasmes. Des gestes tels que : ” iel m’a tenu la porte ” ou encore ” iel m’a envoyé un SMS ” sont souvent surinterprétés et les émotions suscitées sont amplifiées à l’extrême, le tout n’ayant en fait pas du tout lieu d’être.
Le squish est la version aromantique du crush. Le squish est une forme de désir platonique (non sexuel, non romantique) pour une connexion avec une autre personne.
Le concept du squish est similaire dans sa nature à l’idée du crush amical. Un squish peut être ressenti envers n’importe quelle personne de n’importe quel genre et une personne peut avoir plusieurs squish, tous peuvent être actifs en même temps.
La limite entr’un crush et un squish peut être très floue.
Un crush autant qu’un squish peuvent impliquer le fait de penser en permanence à une personne, de voir sa propre conscience grandir près d’iel, de désirer être avec cette personne, d’avoir des fantasmes de contacts physiques (pas nécessairement sexuels) avec iel, ou d’avoir d’autres combinaisons de ces sentiments.
Cependant, les crush sont parfois entaillés de jalousie envers les partenaires de la personne qui nous intéresse, et un désir pour un contact romantique (comme un baiser), pour une relation de dating, ou un mariage, alors que les squish n’incluent pas tous ces éléments.
Dans les deux cas l’attachement émotionnel peut se diriger vers la personne pour laquelle on a un crush ou un squish, sans que cela ne soit nécessairement réciproque.
Le type de la relation est défini par les actions désirées et les les actions partagées entre les personnes impliquées.
Les relations romantiques ou les relations romantiques désirées, contiennent en général plus de comportements romantiques ou amoureux, alors qu’une relation platonique, ou une relation platonique désirée, a plutôt pour but de se rapprocher des personnes qui nous intéressent et de véritablement apprendre à les connaître.
La frontière entre les crush et squish peut disparaître quand l’un se transforme en l’autre.
Cette définition de l’AVEN Wiki a vraiment l’avantage de montrer que les limites entre les concepts ne sont jamais claires.
De même, il serait réducteur de limiter les relations humaines à des pratiques prédéterminées ou prédéfinies où leur fonctionnement est par avance déterminé par des codes préétablis.
On peut très bien être se définir comme aromantique à un moment de sa vie puis alloromantique dans une autre phase d’une même.
D’après l’enquête d’Asexual Visibility and Education Network (AVEN) de 2004, 1 % de la population mondiale serait asexuelle, et parmi ce pourcentage, 25,9 % seraient aromantiques
Tout cela n’est qu’une donnée valable sur le court terme car la façon de vivre ses relations humaines peut varier selon les personnes et les période de la vie de chacun.e.