« Cher » père,
J’ai voulu écrire cette lettre il y a des années. Pourtant, chaque fois que je m’asseyais pour commencer à écrire, j’oubliais d’une manière ou d’une autre tout ce que je voulais te dire.
À ce moment-là, un mélange de sentiments se heurtait en moi, et tant de pensées se bousculaient dans ma tête que je ne savais plus quoi écrire.
Peu importe les efforts que j’ai faits, je n’ai jamais trouvé les mots assez forts pour te toucher.
Il n’y avait pas de mot magique à dire pour t’avoir ici dans mes bras. Tu n’étais pas quelqu’un qui serait touché par les larmes de son enfant, ni quelqu’un qui pourrait ressentir de l’empathie.
Dieu merci, je ne suis pas comme toi parce qu’il faut être sans cœur pour rester insensible aux larmes d’un enfant. Tu sais, il y a un vieux dicton qui dit que tous les idéaux du monde ne valent pas les larmes d’un enfant.
D’une certaine manière, chaque fois que je pense à toi, je me souviens de ce dicton. J’ai l’impression qu’il essaie de me dire quelque chose.
Peut-être que je ne devrais jamais te pardonner de m’avoir laissée seule alors que je pleurais et te suppliais de ne pas partir.
Peut-être que je devrais apprendre à avoir un cœur qui sera ouvert à tous sauf à toi parce que tu ne le mérites pas. Tu as perdu tous tes droits sur moi le jour où tu as franchi cette porte.
Pour toi, j’étais juste quelqu’un qui te gênait sur ton chemin, quelqu’un qui t’empêchait de réaliser tes rêves.
J’étais juste une enfant qui avait besoin de ton amour et de ton attention, mais je ne l’ai jamais eu. Il y avait des choses bien plus importantes pour toi que de voir ta fille grandir en une jeune femme.
Tu as échoué en tant que père, et tu as échoué dur. C’est quelque chose que je ne te pardonnerai jamais. Je ne te pardonnerai jamais de m’avoir quittée comme si j’étais personne pour toi.
Je ne te pardonnerai jamais de m’avoir donné la vie et de m’avoir rejetée le jour où tu m’as vue pour la première fois. Il n’y a rien de plus hypocrite que de vouloir un enfant, mais de l’abandonner une fois qu’il arrive.
Tu pensais quoi dans ta tête ? Peut-être pensais-tu que je suis quelqu’un que tu peux quitter quand tu le veux et retrouver quand tu le souhaites.
Eh bien, désolée de te décevoir, mais ce n’est pas comme ça qu’un vrai papa agit envers son enfant. Un vrai papa est là quoi qu’il arrive.
Il est là pour dire à sa femme qu’il s’occupera du bébé et qu’elle devrait aller se coucher parce qu’elle est fatiguée de s’occuper du bébé toutes les nuits.
Puis, quand il reste seul avec ce bébé, il le tient dans ses bras, le regardant comme s’il était le cadeau le plus précieux et remerciant Dieu de l’avoir envoyé à lui.
Il lui dirait qu’il l’aime tant et qu’il ne laissera jamais personne lui faire du mal. Il tomberait aussi amoureux de ses yeux qui le regardent en essayant de capter chaque changement sur son visage.
Un vrai papa serait tombé amoureux de sa fille tellement fort dès la première seconde qu’il l’aurait vue !
Les étoiles dans le ciel savent qu’une fille devrait toujours être aimée par son papa et que tant que son père sera en vie, elle aura tout.
Quelle belle histoire, n’est-ce pas, papa ? Cela aurait pu être nous, mais tu as été lâche en abandonnant la seule personne pour qui tu aurais dû être là.
Tu m’as laissée, et tu n’as jamais songé à ce que je ressentirais quand je grandirai et que je réaliserai ce que tu as fait.
Tu ne t’es pas soucié de savoir si je penserais un jour que le problème venait de moi. Tu m’as laissée seule avec mes pensées et les démons de mon passé. Tu ne voulais pas m’aider parce que c’était tellement plus facile de partir et de profiter de la vie.
Et, maintenant, alors que tu es vieux et que tu me vois avoir une belle vie, tu veux soudain en faire partie ? Ne sais-tu pas que tu ne peux pas apparaître dans ma vie comme tu le souhaites ? Tu dois le mériter, mais toi, tu n’as jamais fait d’effort.
Alors, ne t’attends pas à ce que je te pardonne et à ce que je me jette dans tes bras parce que je ne le ferai pas. Même si tu me donnais de vraies raisons pour lesquelles tu n’étais pas là, je ne les accepterai pas.
Tu sais pourquoi ? Parce qu’aucune raison n’est bonne pour abandonner son enfant. Il n’y a aucune raison suffisante pour abandonner sa propre chair et son propre sang. Les parents n’ont pas le droit de faire cela, car ils savent qu’ils doivent prendre soin de leurs enfants.
Ils ne fuient pas. Ils ne se cachent pas des problèmes, et ils affrontent tout ce que la vie met devant eux.
Mais, toi, tu n’étais pas assez fort pour gérer tout ça, n’est-ce pas ? C’était bien plus facile de me laisser à ma mère, pour qu’elle puisse prendre soin de moi et me fournir tout ce dont j’avais besoin.
C’était bien plus facile de me laisser à la seule personne qui mourrait pour moi parce qu’ainsi, tu n’avais pas à te demander si j’allais bien.
J’allais bien grâce à la meilleure mère du monde, mais il y avait un vide que seul ton amour aurait pu combler. Et, cet endroit est toujours vide. Ça fait toujours mal, et ça me rappelle toujours ma malchance.
Peut-être penses-tu que tu n’as rien fait de mal, mais les conséquences sont plus graves que tu ne le penses.
À cause de toi, je me demande constamment si je suis assez bien et j’ai peur que chaque homme me quittera comme tu l’as fait. À cause de toi, je ne trouve pas la paix, et je ne peux pas arrêter de penser à ce qui se serait passé si tu étais resté à mes côtés.
Je me demande quelle sorte de personne je serais devenue si j’avais eu à la fois une maman et un papa, une famille normale et saine.
Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à toi et à l’impact que tu as laissé sur moi. N’est-il pas ironique qu’un homme qui ne fasse même pas partie de ma vie puisse transformer ma vie en un vrai enfer ? Je sais que je devrais oublier tout à ton sujet, mais je ne peux pas.
Contrairement à toi, j’ai des sentiments et des émotions. Contrairement à toi, je suis un être humain qui ressent des choses qui ne sont pas si évidentes.
Mai, peu importe combien de fois, je songe à te donner une seconde chance, j’ai l’impression qu’en le faisant, je me trahirais moi-même. Et, c’est la dernière chose dont j’ai besoin maintenant.
Si je me trahis moi-même en choisissant un homme qui ne me voulait pas, je ne pourrai jamais me pardonner.
Alors, « cher » papa, après tout ce temps et après toute cette réflexion, je ne peux toujours pas te pardonner ce que tu m’as fait. Je ne peux pas te souhaiter la « bienvenue » dans ma vie comme si rien ne s’était passé.
Mon cœur n’est tout simplement pas si ouvert et bon. Je suppose que c’est une question de sang, car finalement, on dirait que je te ressemble plus que je ne le pensais.
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