De nos jours, malheureusement, en France comme ailleurs, le harcèlement scolaire n’est pas seulement un problème de collège, et de plus en plus de situations de harcèlement se passent dans les jeunes classes d’école primaire.
C’est pourquoi il est important de pouvoir repérer à temps les signes de harcèlement afin de protéger nos enfants de tous âges contre le bullying.
Il existe de nombreuses formes de harcèlement : les violences physiques (pousser, donner des coups de poing ou frapper), les violences verbales (injures ou menaces), les violences psychologiques / émotionnelles (répandre des rumeurs ou exclure quelqu’un d’une conversation ou d’une activité).
En plus, avec l’utilisation omniprésente de nouvelles technologies et Internet, les comportements inappropriés entre enfants peuvent se produire en dehors des heures de classe, par le biais de courriels, de messages textes et de publications sur les réseaux sociaux.
Ces échanges, connus sous le nom de cyberharcèlement, peuvent être particulièrement blessants et agressifs, et leurs effets néfastes sont souvent rapportés à l’établissement scolaire le jour suivant.
Alors, en tant que parent, que faire pour dire non au harcèlement et protéger nos enfants de ce phénomène de plus en plus répandu ?
La première étape clé pour faire face aux brimades, c’est de savoir reconnaître quand votre enfant est victime de harcèlement scolaire.
Quels signes en tant que parents pouvons-nous repérer ?
Les premiers symptômes typiques de l’harcèlement comprennent des plaintes physiques telles que des maux de ventre, des inquiétudes et des peurs, ainsi que le fait de ne pas vouloir aller à l’école (phobie scolaire).
Bien que ces symptômes soient exclusifs à l’harcèlement, il faut quand même trouver ce qui se passe vraiment dans la vie sociale de votre enfant.
• Posez des questions et faites parler votre enfant de sa situation sociale. Sachez quels sont les amis avec lesquels il s’entend bien et ceux avec lesquels il ne s’entend pas.
L’établissement d’une bonne communication devrait commencer bien avant que les enfants n’aient des problèmes de harcèlement. Restez très général pour les plus jeunes, mais si vous soupçonnez un problème ou si votre enfant en a fait part, insistez pour obtenir plus de détails.
En grandissant, les enfants ont une conscience importante des relations avec leurs pairs et vous pouvez donc être plus direct dans vos questions. Lorsque vos enfants parlent, écoutez vraiment ce qu’ils partagent et essayez de garder votre sang-froid.
Pourquoi ? Eh bien, la plupart des parents se mettent en colère ou sont frustrés, alors que les enfants n’ont pas besoin que vous réagissiez de manière excessive.
Au contraire, ils ont besoin que vous les écoutiez, que vous les rassuriez et que vous les souteniez. Ils ont besoin de vous voir comme une personne stable et forte, capable de les aider dans n’importe quelle situation.
Une fois que vous avez déterminé que votre enfant est maltraité par ses pairs, voici les meilleurs conseils d’experts et les moyens les plus intelligents de faire face aux harceleurs.
Arrêtez les brimades avant qu’elles ne commencent !
Réfléchissez à des solutions pour mettre fin aux brimades avant qu’elles ne se produisent ou ne s’aggravent. Développez et préparez une boîte à outils d’idées que les enfants pourront utiliser dans des situations difficiles, lorsqu’il leur est difficile de réfléchir correctement.
Créez une liste de réponses
Pratiquez des phrases que votre enfant peut utiliser pour dire à quelqu’un de cesser son comportement de harcèlement. Elles doivent être simples et directes : « Laisse-moi tranquille ! » ; « Vas-t-en ! » ; « Ce n’est pas gentil de dire cela ! »
Il peut aussi essayer de dire : « Ouais, c’est cela », puis s’en aller. L’important, c’est que la réplique ne soit pas négative, car cela aggrave la situation du harceleur.
Jeux de rôles « Et si ? »
Les jeux de rôle sont un excellent moyen de donner confiance à votre enfant et de lui permettre de faire face aux difficultés. Vous pouvez jouer le rôle du harceleur pendant que votre enfant s’entraîne à réagir différemment jusqu’à ce qu’il se sente à l’aise dans les situations difficiles.
Pendant le jeu de rôle, apprenez à votre enfant à parler d’une voix forte et ferme, car les gémissements ou les pleurs ne feront qu’encourager son harceleur.
Favorisez un langage corporel positif
Dès l’âge de 3 ans, votre enfant est déjà prêt à apprendre des astuces qui feront de lui une cible moins invitante. Par exemple, dites à votre enfant de s’entraîner à regarder la couleur des yeux de ses amis et de faire la même chose lorsqu’il parle à un enfant qui l’ennuie.
Cela l’obligera à lever la tête pour paraître plus confiant. Entraînez-vous tous les deux à la maison à faire des expressions de visage tristes, courageuses et joyeuses et dites-lui de passer à l’expression « courageuse » si quelqu’un l’embête.
Ceci est important, car selon les experts, l’apparence que l’on adopte face à une brute, est souvent plus importante que les mots que l’on utilise.
Gardez une communication ouverte
Vérifiez tous les jours avec votre enfant comment les choses se passent à l’école. Adoptez un ton calme et amical et créez un climat stimulant pour qu’il n’ait pas peur de vous dire si quelque chose ne va pas.
• Insistez sur le fait que sa sécurité et son bien-être sont importants et qu’il doit toujours parler de ses problèmes à un adulte.
Renforcez la confiance en soi de votre enfant
Plus votre enfant se sent bien dans sa peau, moins les brimades risquent d’affecter son estime de soi. Encouragez les passe-temps, les activités extrascolaires et les situations sociales qui font ressortir le meilleur de votre enfant.
• N’oubliez pas de dire souvent à votre enfant les qualités uniques que vous aimez chez lui et de renforcer les comportements positifs que vous aimeriez voir davantage.
Ceci est très important, car le fait de reconnaître les points forts des enfants et d’encourager des relations saines avec les autres peut avoir un bon impact sur l’estime de soi, accroître la confiance à long terme de vos enfants et prévenir toute situation de harcèlement potentielle.
Complimentez les progrès de votre enfant
Lorsque votre enfant vous raconte comment il a tenu tête à un harceleur, dites-lui que vous êtes fier/ère de lui. Aussi, si vous voyez un autre enfant faire face à un harceleur dans le parc, faites-le remarquer à votre enfant pour qu’il puisse imiter cette approche.
Et pour finir, mettez en avant l’idée que votre propre maman ne cessait de vous répéter : « Quand un enfant montre que personne ne peut l’embêter, en général personne ne vient l’embêter. »
Enseignez à votre enfant la bonne façon de réagir
Les enfants doivent comprendre que les brutes ont un besoin de pouvoir et de contrôle sur les autres et une envie de faire du mal. Ils manquent souvent de maîtrise de soi, d’empathie et de sensibilité.
Voici quelques bonnes stratégies à utiliser pour les enfants lorsqu’ils se retrouvent face à des harceleurs :
1. Ne laisse pas une brute te faire sentir mal. Lorsque quelqu’un dit quelque chose de mal sur toi, dis-toi quelque chose de positif. Rappelle-toi tes qualités dans ta tête.
2. Dis à ton harceleur ce que tu ressens, pourquoi tu te sens comme ça, et ce que tu veux qu’il fasse. Fais-le d’une voix calme et ferme : « Je suis en colère quand tu m’insultes parce que j’ai un vrai nom. Je veux que tu commences à m’appeler par mon vrai nom ».
3. Ne lui donne pas le plaisir de te voir pleurer. Le harceleur a envie de te blesser, alors ne lui donne pas ce plaisir et fais comme si ses insultes ne te blessaient pas. Tu peux le faire en admettant qu’il a raison, par exemple, si quelqu’un te traite de « gros lard », regarde-le dans les yeux et dis-lui calmement : « Tu sais, tu as raison, je devrais vraiment commencer à faire plus de sport. », puis vas-t-en fièrement.
4. Désarme ton harceleur avec de l’humour. Tu peux par exemple rigoler de ses menaces et t’éloigner calmement de lui.
5. Utilise ton meilleur jugement et suis ton instinct. Si le tyran veut tes devoirs et que tu penses qu’il est sur le point de te blesser, donne-lui ton travail et va-t’en avec confiance. Ensuite, préviens un adulte de ce qui s’est passé.
6. Ne t’attends pas à être maltraité(e). Quand tu t’approches vers un groupe d’enfants, pense qu’ils seront gentils avec toi, et fais de ton mieux pour en faire autant, traite les autres comme tu aimerais être traité(e). Prends la défense des autres élèves qui sont victimes de harcèlement et demande-leur de te défendre également.
En tant que parents, comment pouvons-nous agir pour mettre fin aux brimades ?
En fin de compte, c’est à vous, chers parents, d’aider votre jeune enfant à faire face à un harceleur. Aidez-le à apprendre à faire des choix intelligents et à agir lorsqu’il se sent blessé ou qu’il voit un autre enfant être victime de violences scolaires, et soyez prêts à intervenir si besoin.
Signalez les violences répétées et graves
Si votre enfant a peur et hésite à signaler les brimades, accompagnez-le pour aller parler à un enseignant, un conseiller d’orientation, un directeur ou un administrateur scolaire.
Renseignez-vous sur la politique de l’école en matière de bullying, documentez les cas de maltraitance et conservez des preuves, restez au courant de la situation en faisant un suivi auprès de l’école pour voir quelles mesures sont prises.
Si nécessaire, demandez de l’aide à l’éducation nationale, à un thérapeute familial ou à la police, et profitez des ressources communautaires qui peuvent traiter et mettre fin aux brimades.
Encouragez votre enfant à prendre la défense des autres
Être un témoin (et non un spectateur passif) signifie que l’enfant prend des mesures positives lorsqu’il voit un ami ou un autre cas de harcèlement.
Demandez à votre enfant ce qu’il ressent lorsque quelqu’un prend sa défense, et expliquez-lui qu’une seule personne peut faire la différence.
Contactez les parents de l’agresseur
Ceci est une bonne idée uniquement en cas d’actes de maltraitance persistants sur une longue période, et dans le cas où vous pensez que les parents seront disposés à coopérer avec vous.
Contactez-les par téléphone portable ou envoyez-leur un courriel de manière non conflictuelle, en précisant que votre objectif est de résoudre le problème ensemble. Vous pouvez dire quelque chose comme :
« Je vous appelle car ma fille est rentrée de l’école bouleversée tous les jours de la semaine passée. Elle m’a dit que c’est Manon qui l’a insultée et exclue des jeux dans la cour de récréation. Je ne sais pas si Manon vous en a parlé, mais j’aimerais que nous les aidions à mieux s’entendre. Avez-vous des suggestions ? ».
Collaborez avec votre école
Communiquez avec l’école de votre enfant et signalez les incidents de maltraitance, car on ne peut pas s’attendre à ce que le personnel de l’école sache tout ce qui se passe dans le milieu scolaire. C’est pourquoi il faut absolument les mettre au courant de toute situation désagréable.
Bien que de plus en plus d’écoles mettent en œuvre des programmes de prévention du harcèlement scolaire, beaucoup d’entre elles ne disposent pas encore de suffisamment de soutien ou de ressources.
Enseigner les techniques d’adaptation
Si votre enfant est victime de harcèlement, rappelez-lui que ce n’est pas de sa faute, qu’il n’est pas tout seul et que vous êtes là pour l’aider.
Il est important que les enfants identifient leurs sentiments pour pouvoir communiquer ce qui se passe et c’est pourquoi les parents devraient également parler de leurs propres sentiments.
• En revanche, ce que vous ne devez absolument pas faire, quel que soit l’âge de votre enfant, c’est supposer qu’il s’agit d’un comportement normal de la part de ses pairs, qui s’arrangera tout seul.
Les experts soulignent qu’il ne faut jamais accepter qu’un enfant soit harcelé ou taquiné, en aidant votre enfant à faire face à une brute, vous lui donnerez confiance en lui et éviterez que la situation ne s’aggrave.
Qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
Voici tout ce que vous devez savoir sur le harcèlement en ligne.
Certains enfants adoptent un comportement blessant par le biais de textos, de réseaux sociaux, d’e-mails et d’autres applications modernes. Notre expert en sécurité sur Internet révèle ici les faits concernant le cyberbullying et propose des moyens de mettre fin au harcèlement.
Les caractéristiques du cyberbullying
• Le cyberbullying provient généralement d’une personne que la cible connaît, mais il peut aussi s’agir d’un étranger. Le cyberbullying peut agir de manière anonyme.
• Le cyberbullying a un public potentiellement plus large – car les messages blessants peuvent être vus, partagés et potentiellement devenir viraux.
• Le cyberbullying ne s’arrête pas lorsque la cloche de l’école sonne et ne se limite pas à au climat scolaire, car la technologie moderne est omniprésente. Les victimes du cyberbullying ont souvent l’impression qu’elles n’ont aucun moyen d’échapper à ce qui leur arrive.
Les différentes formes du cyberbullying
1. Le dénigrement : Diffusion en ligne de rumeurs et de déclarations nuisibles, fausses ou préjudiciables qui porteront atteinte à la réputation d’une personne.
2. L’exclusion : Exclure volontairement une personne d’un groupe en ligne. Il s’agit d’une forme indirecte de cyberintimidation.
3. Le flambage : Combat qui consiste à envoyer des messages furieux, cruels, grossiers et vulgaires à une ou plusieurs personnes dans un cadre privé ou public en ligne.
4. Le « Happy Slapping » : Attaquer physiquement une personne en guise de « blague » ou de « farce » pendant que d’autres personnes filment l’attaque ou prennent des photos qui seront distribuées/affichées en ligne.
5. Le harcèlement : Envoi d’une série continue de messages en ligne blessants et insultants à l’encontre d’une personne.
6. L’usurpation d’identité : Se faire passer pour quelqu’un d’autre, puis envoyer ou publier des documents en ligne dans l’intention de nuire à la réputation d’une personne.
7. L’usurpation de la vie privée : Envoyer ou publier en ligne des documents (tels que des messages et des images) concernant une personne et contenant des informations sensibles, privées ou embarrassantes.
8. La guerre des textos/attaques : Traquer une personne ciblée avec un grand nombre de messages texte et de courriels méchants.
9. La tromperie : Obtenir par ruse des informations embarrassantes qui sont ensuite rendues publiques en ligne.
Mon enfant est-il victime de cyberbullying ?
Bien que les enfants et les adolescents peuvent ne pas vouloir parler ouvertement de leur expérience de cyberbullying, il y a des moyens pour les parents d’être attentifs aux différents changements de comportement de leur enfant.
• Il se peut que votre enfant ne veuille plus aller à l’école ou à ses activités habituelles, qu’il soit contrarié après avoir passé du temps sur son ordinateur ou sur son téléphone, ou qu’il se retire des interactions avec sa famille ou avec ses amis dans la vie réelle.
Ceci dit, il est important de noter que chaque enfant réagit différemment, et que certains peuvent ne présenter aucun comportement inhabituel, c’est pourquoi il est recommandé aux parents d’avoir des conversations ouvertes et honnêtes sur le cyberbullying avec leur enfant.
Faites également comprendre à votre enfant que vous ne limiterez pas son accès à Internet s’il signale le cyberbullying, ce qui pourrait être l’une des raisons de son silence.
Comment prévenir le cyberbullying ?
Dès que votre enfant commence à utiliser Internet, il faut lui parler du cyberbullying.
Les enfants dont les parents s’impliquent activement et positivement dans leur vie adoptent un comportement moins risqué lorsqu’ils utilisent les technologies modernes et sont donc mieux préparés à réagir aux situations négatives.
• Faites savoir à votre enfant qu’il peut vous parler de TOUT ce qu’il vit en ligne et aidez-le également à développer des compétences efficaces en matière de résolution des conflits.
• Mettez-le en garde de ne jamais partager quoi que ce soit en ligne (messages personnels, photos, vidéos, etc.) qui pourrait facilement lui causer du tort ou le mettre dans l’embarras.
• Si votre enfant connaît des cas de cyberharcèlement parmi ses camarades, encouragez-le à intervenir. Il peut, par exemple, apporter un soutien émotionnel à la personne harcelée, trouver le courage de s’élever contre les actions blessantes et signaler le problème à un adulte qui pourra ensuite intervenir.